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Expandis, le spécialiste des légumes transformés

Pierre Klein, vice-président, François Bobin, directeur, et Eric Béguin, président d'Expandis ont mis en place une organisation originale pour apporter la meilleure valorisation possible de leurs productions aux agriculteurs.Jean-Charles Gutner

L'union de coopératives de l'Aisne offre des productions sous contrat aux agriculteurs et fournit plus que des légumes et des pommes de terre à ses clients industriels, mais de véritables solutions.

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Dès la création d'Expandis, les agriculteurs se sont appuyés sur deux grands principes. « Le premier, ce sont des productions sous contrats, pour sécuriser le revenu du producteur et éviter les très fortes fluctuations de prix, explique Eric Béguin, président de l'union de coopératives spécialisée en légumes et pommes de terre. Le deuxième est un apport total de la production, afin d'assurer aux clients, un approvisionnement conforme aux engagements, en quantité, qualité et période de livraison. » En contrepartie, le groupe coopératif s'engage à valoriser la totalité des productions livrées par les agriculteurs.

Les dirigeants d'Expandis ont aussi fait le choix de se spécialiser dans les légumes et pommes de terre destinés à l'industrie, et de ne plus mettre un pied eux-mêmes dans la transformation. « Nous sommes convaincus que ce n'est pas au paysan, à investir dans l'aval, explique Pierre Klein, vice-président d'Expandis. L'expérience a montré, à de multiples reprises, que lorsqu'un marché arrive à maturité, les coopératives comme les PME privées ne disposent plus d'un diviseur suffisant pour être compétitives, et n'arrivent pas à faire face à la concurrence des multinationales. » Il faut dire qu'Expandis est née en 2000, du rapprochement des deux coopératives de l'Aisne, Prim'allia et Covipom. Cette dernière venait de voir le jour à la suite des difficultés de Vico, coopérative de fabrication de chips, purée et pommes de terre surgelées. « Vico qui a été créée en 1955, à Vic-sur-Aisne, a été un très bel outil et a remarquablement bien fonctionné, rappelle Eric Béguin. Mais pour diverses raisons, un jour tout s'est effondré. Les agriculteurs ont décidé de vendre l'outil industriel à Intersnack, et de poursuivre la production de pommes de terre au sein de la coopérative devenue Covipom. »

L'histoire de Prim'allia, est complètement différente. « A la fin des années 1970, face au constat que nos rendements en blé dans les plaines sableuses autour de Laon, étaient bloqués, notre ingénieur de Ceta avait repéré que les carottes étaient bien adaptées à nos types de sol, souligne Pierre Klein. C'était aussi le début des conserves petits pois-carottes, et il fallait pouvoir livrer à l'usine, de jeunes carottes pile le jour de la récolte des pois. Dans nos terres de sable, il est possible de récolter un peu par tous les temps, le tour était joué. C'est ainsi que la coopérative a vu le jour à Marchais, près de Laon. »

La création d'une union

Depuis, Prim'allia a élargi progressivement son activité à d'autres légumes, les grosses carottes, oignons, salsifis, haricots, pois de conserve, flageolets... et aux pommes de terre. Dès les premières années, toutes les cultures ont été mises en place dans des parcelles irriguées à 100 %, pour sécuriser la production. D'autres structures ont ensuite rejoint Expandis après sa création. En 2003, la coopérative Aquitaine primeurs industrielles, API, à Marcheprime en Gironde, et en 2007, la société Pom'Pic à Chaulnes dans la Somme, dont la coopérative céréalière Noriap est toujours actionnaire à 49 % aux côtés d'Expandis, 51 %. Le groupe a également repris le négoce belge de pommes de terre, Owel-Ghijs, en 2007. Aujourd'hui, en plus des bassins de production historiques de l'Aisne et de l'Oise, Expandis produit des légumes et des pommes de terre, dans la Marne, la Somme, la Seine-Maritime, la Seine-et-Marne, la Gironde, le Pas-de-Calais, le Loiret... et en Belgique, sur près de 6 600 ha avec onze espèces différentes, chez trois cents agriculteurs. Le groupe a aussi développé une activité de production de plants de pommes de terre qui couvre la moitié des besoins de ses producteurs. Ses productions sont destinées exclusivement à des industriels français ou étrangers. « L'exportation représente aujourd'hui 90 % de notre production pour les chips, et 40 %, pour les légumes. Les pommes de terre destinées au marché de la frite sont toutes transformées en France, précise François Bobin, directeur du groupe. Expandis a gardé le statut d'union, mais fonctionne avec une seule équipe de collaborateurs. Nous nous appuyons aujourd'hui sur vingt-cinq salariés permanents, dont deux responsables commerciaux, Pierre Verhalle, en pommes de terre et Patrick Baudrin, en légumes et pommes de terre, un service agronomique, une équipe logistique, un laboratoire avec deux techniciens, et un service administratif et financier. L'équipe est renforcée en cours de campagne par des saisonniers qui représentent cinq équivalents temps plein. »

Services et qualité

« Notre objectif a toujours été de se mettre au service du client pour assurer le meilleur profit aux agriculteurs pour la marge à l'hectare, résume Pierre Klein. Nous sommes passés vis-à-vis de nos clients d'une offre produits, à une offre services. Nous sommes même des apporteurs de solutions. » C'est vrai avec des bassins de production diversifiés qui permettent de sécuriser l'approvisionnement, un planning de livraison adapté au jour le jour aux besoins des clients, un laboratoire qui permet de vérifier la qualité de tous les lots, un stockage chez les producteurs... et une relation permanente avec l'industriel. « Avec certains d'entre eux, nous réalisons des tours de plaine quasi hebdomadaires pendant la campagne », note Patrick Baudrin. Expandis dispose également d'une station de lavage de carottes à Marchais, de bâtiments de stockage et d'une chaîne de lavage à Ronse, ainsi que de quatre laveuses mobiles de pommes de terre, pour fournir à l'industriel qui le souhaite des carottes et des pommes de terre lavées. Les agriculteurs sont certifiés Global Gap, pour les pommes de terre et la majorité des légumes sous contrats.

Transparence et équité

Chez Expandis, certains producteurs sont des adhérents de coopératives, d'autres des fournisseurs de négoces. « Le fait pour l'union de coopératives de disposer d'une comptabilité analytique très poussée, lui permet de connaître avec précision les coûts liés à chaque production, et d'assurer transparence et équité dans la rémunération des agriculteurs, dans les coopératives comme dans le négoce, souligne Pierre Klein. Chez nous, jamais l'activité des adhérents-coopérateurs ne servira à rémunérer les agriculteurs qui travaillent avec une des structures de négoce, et vice-versa. » En revanche, les bénéfices engendrés sur les négoces reviennent indirectement aux adhérents des coopératives en confortant les activités de l'ensemble du groupe. « Entre adhérents de coopératives, la règle est la même partout : responsabilité agricole et solidarité commerciale, précise Eric Béguin. Si un accident de production est lié à une erreur de l'agriculteur, c'est sous sa responsabilité et il sera rémunéré sur la base de ce qu'il a livré. Par contre, si une année donnée, une variété donnée doit faire face à un déficit de production pour une raison ou pour une autre, si un camion de pommes de terre est bloqué par des grèves et que la qualité est dégradée, ou si un client est financièrement défaillant, c'est la solidarité commerciale qui joue. »

Expandis est aussi une structure qui s'adapte et qui évolue en permanence. « Nous sommes confrontés en légumes, à de nombreuses impasses phytosanitaires, constate François Petitjean, responsable agronomique. Pour y faire face, nous cherchons des solutions comme le Contans, que nous utilisons contre le sclérotinia, et nous venons d'investir dans une bineuse à carottes. Nous étudions aussi d'autres techniques de production, ainsi que de nouvelles productions. » Quant à l'avenir, les dirigeants le voient en offrant davantage de services encore à leurs clients, calibrer les pommes de terre par exemple, ou éplucher les carottes... mais aussi en accueillant d'autres coopératives ou organisations de producteurs, au sein de leur union. « L'éparpillement de l'offre ne permet pas d'offrir aux clients les services dont ils ont besoin, indiquent-ils. Nous sommes aujourd'hui en France, une quinzaine d'organisations de production face à trois ou quatre industriels. Il nous faut continuer à regrouper l'offre. »

Blandine Cailliez

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