Mühlviertler Hopfen a sauvé la culture locale du houblon
par Christophe Dequidtil y a 3 ans5 min de lecture
L’idéal est de planter 5 à 8 ha de houblon pour être un minimum rentable. Ce qui représente un investissement de plus de 1 million d’euros pour commencer.
Sans la coopérative Mühlviertler Hopfen, qui a vu le jour dans les années soixante à Neufelden, il n’y aurait plus de culture traditionnelle de houblon en Autriche.
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De tout temps, on a cultivé du houblon dans les alpes autrichiennes. Cette culture traditionnelle a culminé au début du vingtième siècle, car elle était indispensable au développement de la bière dans ce pays. Un sombre chantage avec les Allemands du Troisième Reich, et notamment la concurrence de la production bavaroise, l’avait fait totalement disparaître au moment de l’Anschluss. « Après l’annexion de l’Autriche, les nazis ont décidé que le pays ne produirait plus de houblon, au profit de celui de Bavière qui était la première région productrice de l’époque », précise Manuel Starlinger, directeur de la coopérative Mühlviertler Hopfen, à Neufelden.
Dans les années soixante, à l’initiative du gouvernement et des brasseurs locaux qui ont jugé être trop dépendants des importations, un groupe d’agriculteurs, professeurs, fonctionnaires et homme d’affaires se sont réunis pour relancer la production nationale. Une première action a été établie en créant une formation spécifique à la culture du houblon dans l’école agricole de Linz, la grande ville voisine. Forte d’une première promotion, une association du type 1901 a permis d’étudier et de relativiser le marché potentiel. Rapidement, les producteurs ont pris la main pour créer une structure juridique capable de leur offrir à la fois des outils et des conseils. C’est la formule de la coopération qui a été retenue, car la plus souple pour travailler transversalement.
Cinq pionniers se sont alors lancés dans l’aventure en 1961. Aujourd’hui, on dénombre plus de 40 producteurs. « Il a fallu tout reprendre à zéro. Seul le bâtiment, symbole de la production de la région, créé en 1900 par les producteurs de l’époque, existait encore. Il est d’ailleurs toujours en service et abrite le siège social de la coopérative et l’ensemble des machines pour le pressage et l’emballage », explique dans un sourire Manuel Starlinger. La coopérative emploie trois personnes à temps plein et quatre jeunes apprentis au moment des récoltes pendant quatre mois. « Les producteurs nous apportent leurs cônes séchés par leurs soins sur les exploitations. Ensuite, nous en tirons le meilleur dans nos ateliers. »
La culture du houblon est une excellente diversification pour les exploitations de la région, mais elle demande du foncier et des investissements. « Notre climat est encore très propice car nous avons peu de jours très chauds. Les freins sont les hectares de foncier et les investissements en matériels et plants. L’idéal est de planter 5 à 8 hectares, soit au moins 1 million d’euros, pour être un minimum rentable », indique Manuel Starlinger. C’est une culture très spécialisée où le moindre détail fait la différence. Dans les exploitations, le travail est essentiellement manuel, ce qui entraîne un coût de main-d’œuvre par hectare très élevé.
Un avenir qui passe par le bio
Manuel Starlinger est optimiste pour l’avenir : « Nous avons cinq jeunes agriculteurs qui ont investi lors des trois dernières années ; le mouvement est enclenché. » Les débouchés sont assurés même si la concurrence sur le conventionnel avec les Allemands est rude. « C’est surtout sur le bio que la coopérative fait la différence », précise le directeur. Aujourd’hui, 14 % de la production est en agriculture biologique. L’objectif de monter à plus de 40 % est affirmé. Cela permet une valorisation de 20 €/kg, contre 9 € en conventionnel, alors que l’agriculteur ne produit que 50 % du tonnage. La coopérative est devenue une référence pour les principaux brasseurs mondiaux sur les cinq continents.
Plusieurs pistes de nouveaux débouchés sont en cours, notamment dans les huiles essentielles ou les tisanes. Selon des naturopathes, le houblon a un effet sédatif, apaisant du système nerveux. Il est conseillé contre la nervosité, le stress, les angoisses, l'agitation… Mais également contre les troubles du sommeil et les insomnies.