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La Cavac construit sa stratégie énergie

« Le marché de l’énergie est devenu très complexe et elle restera durablement chère », constate Stéphane Burban, responsable industriel de la Cavac.

Face à l’explosion du coût de l’énergie, la Cavac a structuré une stratégie basée sur une analyse à plusieurs et des groupes de travail spécialisés pour l’optimisation de la consommation, des investissements et des contrats.

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Pour l’ensemble de ses sites industriels, la Cavac achète chaque année quelque 45 000 mégawattheures en électricité et en gaz, or leurs prix ont été multipliés par trois cette année. « La montée des prix de l’énergie était prévisible dès la dérégulation du marché et a commencé à se sentir réellement depuis 24 mois. Mais, bien sûr, tout s’est accéléré depuis le 24 février 2022 (NDLR : date de l’invasion de l’Ukraine par la Russie), souligne Stéphane Burban, responsable industriel de la coopérative. Le marché de l’énergie, comme les marchés de matières premières, est devenu très technique. Il y a encore dix ans, une fois par an, le conseiller d’EDF passait pour faire signer le contrat, ce n’est vraiment plus le cas avec des marchés qui bougent au jour le jour. » Ce constat d’un marché de plus en plus complexe et d’une énergie durablement chère a conduit la Cavac à confier ses décisions à un pool d’acheteurs qui compte les deux responsables des sites les plus consommateurs d’énergie, la nutrition animale et la fabrication de plats surgelés, en sus d’un acheteur dédié.

Outre ces décisions partagées, la stratégie de la Cavac est d’acheter en 4 clics, c’est-à-dire de se couvrir pour un quart de ses besoins à 4 reprises dans l’année. Tous les besoins en électricité pour 2023 étaient ainsi couverts dès l’automne 2022 et les premiers besoins de 2024 ont déjà été achetés. Les droits Arenh (accès réglementé à l’énergie nucléaire historique) sont achetés à part. « Pour une grosse usine, ils peuvent représenter une économie jusqu’à 20 000 € », chiffre le responsable industriel.

Chasser tous les gaspis

La seconde brique de la stratégie Cavac, ce sont les économies d’énergie. Chaque projet d’investissement comporte un volet énergie. « Sur le projet engrais à Fougeré, nous avions envisagé du photovoltaïsme, mais la Dreal a refusé, alors nous regardons comment installer une ombrière sur le parking », illustre Stéphane Burban. Pour les usines actuelles, il estime que beaucoup de travail a déjà été fait. « Il en reste toujours, comme la récupération des fumées ou l’installation de matelas pour éviter les déperditions. Les CEE (certificats d’économie d’énergie) peuvent couvrir jusqu’à 10 000 € sur un tel investissement de 12 000 €. Ils fonctionnent aussi pour remplacer les moteurs des ventilations par des variateurs. Sur ce point, nous sommes bien accompagnés par les motoristes, comme Leroy Sommer sur l’efficacité de leurs moteurs. » Mais pour le responsable, il semble difficile d’économiser plus de 4 à 5 % des consommations sans toucher aux productions, d’où un travail collectif de réflexion sur les pratiques actuelles comme la granulation.

Creuser ses factures pour éviter les pénalités

La troisième brique réunit les groupes de travail spécifiques, sur des points comme celui-ci ou le photovoltaïsme, les batteries, l’effacement, le délestage, la facturation et les contrats… Par exemple, pour éviter les pénalités de dépassement, la coop vient de se lancer dans une campagne de contrôle de toutes les batteries de ses condensateurs. Elle a aussi choisi l’effacement de 2x2 h sur 25 jours de l’année. Il lui rapporte une prime fixe (environ 10 000 € pour les 12 sites), plus une prime variable à chaque heure réellement effacée. Le maître mot, c’est l’anticipation de l’arrêt avec un talon pour sécuriser les chargements des camions, par exemple. « C’est aussi du temps pour la maintenance préventive. Quand l’usine est arrêtée, on entend très bien les fuites d’air comprimé, nous nous sommes donnés six mois pour les chasser », explique Stéphane Burban.

La production d’énergie constitue la quatrième brique stratégique. Le photovoltaïque ne convient peut-être pas pour alimenter une grosse usine, mais il peut très bien apporter 2 à 3 % au moins pour tout le tertiaire. La Cavac vient également de louer 500 m2 d’espace non utilisé à une entreprise spécialisée. Elle y a installé un système de batteries pour le stockage d’énergie, qu’elle déchargera à la demande de RTE en cas de besoin.

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