La chasse au gaspi, pas à pas
L’objectif de réduire de moitié le gaspillage alimentaire en France d’ici à 2030 va-t-il être atteint ? Sans attendre, La Coopération agricole met tout en œuvre pour faire sa part.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Depuis le 1er janvier 2021, tout opérateur agroalimentaire est censé avoir effectué un diagnostic gaspillage alimentaire de son activité, selon la loi Agec. Une disposition devant contribuer à l’objectif de réduire de moitié le gaspillage alimentaire (en regard du niveau de 2015) d’ici à 2030 dans les IAA et aussi à la production et en restauration commerciale et, d’ici à 2025, en distribution alimentaire et restauration collective. Cet objectif, affiché dans la loi Agec, avait été pour partie annoncé par le pacte national signé en 2013 entre l’État et les représentants de la chaîne alimentaire pour lutter contre le gaspillage alimentaire. Relayant ainsi une résolution européenne votée en 2012 pour réduire de moitié ce gaspillage à l’horizon 2025. Ce pacte a été suivi, en 2016, d’une première législation française sur le gaspillage alimentaire, la loi Garot, avec deux mesures fortes : l’obligation pour les GMS de plus de 400 m2 de donner les invendus alimentaires à une association d’aide alimentaire et l’interdiction de rendre impropres à la consommation des invendus encore consommables.
Quant au diagnostic censé être réalisé à ce jour et donner lieu à un plan d’actions, force est de constater que, dans les faits, « assez peu l’ont réalisé, du moins dans notre secteur », reconnaît Benjamin Perdreau, responsable RSE à La Coopération agricole (LCA). Est-ce lié au manque de sanctions ? Ou au fait qu’un outil de diagnostic ait été mis en ligne seulement en octobre 2020 par l’Ademe, à la suite d’une sollicitation du ministère de la Transition écologique ?
Accompagnement sur le diagnostic
Cet outil, décliné en trois niveaux d’analyse au choix, est en accès libre sur le site de l’Ademe. Toutefois, il ne répond pas toujours au contexte des entreprises dont certaines préfèrent créer leur propre outil, à l’image de Jacquet Brossard (lire ci-contre).
Pour le promouvoir, des webinaires ont été organisés par LCA avec une approche collective pour le niveau 1. « Nous avons mis en place des ateliers en région et nous avons pu rassembler au total près de soixante entreprises de toutes filières », précise Benjamin Perdreau. Pour les niveaux 2 et 3 plus élaborés, un accompagnement individuel est proposé. Des diagnostics ont été ainsi réalisés dans le secteur viande en Occitanie et d’autres sont en cours.
Dans le même temps, afin de sensibiliser les coopératives, des fiches par filière ont été réalisées et publiées en novembre dernier. On découvre ainsi que pour la filière grandes cultures, les pertes nettes pour l’alimentation humaine se montent à 20 % entre la production et la consommation. Et l’étape de la transformation est le premier poste concerné avec près de 40 % de ces pertes nettes, suivie de la production (25 %) et de la consommation (25 %). Il est à noter cependant que l’Ademe intègre dans son estimation des pertes, les déclassements partant en alimentation animale. « C’est considéré comme du gaspillage alimentaire en France alors que, à l’échelle de l’UE, ce déclassement n’est pas pris en compte dans les pertes », ajoute Benjamin Perdreau.
Autre voie pour contribuer à réduire ces pertes : passer une convention avec une association d’aide alimentaire pour le don de denrées consommables et non vendues. Une ordonnance d’octobre 2019, en application de la loi EGalim, étend cette disposition de la loi Garot aux IAA au CA de plus de 50 M€. Dans cette optique, LCA a signé une convention avec la Banque alimentaire lors du Sia 2020 et a fourni une trame de convention à ses coopératives. Tout comme elle a signé, en janvier 2020, un pacte sur les dates de consommation avec Too Good To Go, une appli pour aider à écouler les invendus alimentaires, avec un travail collectif autour d’une communication en octobre dernier sur les différentes dates de consommation et d’une initiative de mise en place de rayons dédiés aux DDM (date de durabilité minimale) dépassées.
En France, les pertes alimentaires représentent globalement 10 Mt de produits par an, soit 150 kg de nourriture par habitant. Afin de reconnaître les initiatives des opérateurs pour les réduire à tout niveau, un label national « antigaspillage alimentaire » d’adhésion volontaire a été instauré par la loi Agec. Un référentiel va être élaboré pour chaque maillon de la chaîne alimentaire. La distribution alimentaire devrait être la première servie, les IAA étant programmées pour 2022.
Hélène Laurandel
Pour accéder à l'ensembles nos offres :