« La loi Agec implique la filière agricole et alimentaire autour de quatre points »
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La loi sur la lutte contre le gaspillage alimentaire et l’économie circulaire (Agec), du 10 février 2020, est définie par Benjamin Perdreau, responsable RSE au pôle Chaîne alimentaire durable de La Coopération agricole, comme « la loi environnementale du quinquennat ». Par ce texte, le gouvernement vise à accélérer le changement des modèles de production et de consommation afin de limiter les déchets et préserver les ressources naturelles, la biodiversité et le climat. Cependant, le Covid-19 a mis un coup d’arrêt à l’écriture des décrets.
Dans quels domaines la loi Agec va-t-elle toucher la filière agricole et agroalimentaire ?
Quatre volets de cette loi concernent plus particulièrement la filière alimentaire : la lutte contre le gaspillage alimentaire, l’amélioration des modes de production dans l’industrie, avec notamment la question des emballages plastiques, le renforcement de l’information envers le consommateur et la gestion des déchets, entre autres, les eaux usées et boues d’épuration.
Concernant le gaspillage alimentaire, l’objectif est de le réduire de 50 % d’ici à 2030 pour les industries agroalimentaires. Échéance ramenée à 2025 pour la distribution alimentaire et la restauration collective. L’alimentation animale se retrouve incluse dans le périmètre. Notre amendement pour l’en exclure, comme dans le texte européen, n’a pas été retenu.
Quelles sont les obligations pour les entreprises en matière de gaspillage alimentaire ?
Un diagnostic gaspillage alimentaire devra être réalisé avant le 1er janvier 2021 pour tout opérateur alimentaire réalisant plus de 50 M€ de chiffre d’affaires. Nous travaillons à un outil de diagnostic pour les coopératives à partir de celui de l’Ademe, déjà expérimenté sur vingt structures. Il pourrait être diffusé à l’automne prochain. De plus, un label national antigaspillage alimentaire va être créé pour valoriser les entreprises ayant mis en place des actions.
Quant à la question des emballages plastiques, nous participons à tous les débats. La France se donne pour objectif d’atteindre la fin de la mise sur le marché d’emballages en plastique à usage unique d’ici à 2040. En fruits et légumes, cette date est ramenée au 1er janvier 2022, en sachant que ce secteur est surtout pourvoyeur de vrac.
Pour les boues d’épuration, quel enjeu est en train de se jouer ?
Les référentiels ayant trait à l’épandage des boues d’épuration sont à réviser d’ici au 1er juillet 2021. Nous sommes très vigilants pour obtenir des référentiels rigoureux sur la qualité des boues. Des échanges sont engagés avec les ténors des stations d’épuration.
Quel rôle a la filière dans le projet d’affichage environnemental prévu par cette loi Agec ?
Afin de renforcer l’information au consommateur, la loi prévoit en effet une nouvelle expérimentation de dix-huit mois sur l’affichage environnemental, en tenant compte de critères sur le CO2, la biodiversité, la consommation d’eau… Le top départ a été donné le 21 février. L’industrie alimentaire a été désignée pour gérer cette initiative qui a déjà été menée une première fois en 2012 en France. À ce jour, nous attendons les modalités de l’Ademe. Tout en sachant que le frein technique rencontré la première fois n’a toujours pas été levé. L’usage du cycle de vie s’est révélé en effet complexe. Aussi, nous pourrions envisager des démarches complémentaires telle que celle de La Note globale dans le cadre de cette expérimentation.
Hélène Laurandel
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