Processus de formulation et d'achat de l'industrie de la nutrition animale Mieux valoriser les résultats d'analyses
La notion de qualité analytique des aliments, de leurs matières premières et des additifs, apporte des éléments concrets à toutes les fonctions de l'entreprise, notamment en formulation. Le plan collectif Oqualim conforte la surveillance des contaminants.
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En moyenne, une usine d'aliments pour animaux française consacre 0,35 centime d'euros par tonne aux analyses. Certaines sont réglementaires, d'autres sont imposées par des cahiers des charges, d'autres encore sont choisies pour optimiser le poste le plus lourd : les achats. Un fabricant qui commercialise 120 000 t par an, achète pour 3 M€ de matières premières : quelques euros gagnés sur leurs prix permettent de garantir la rentabilité de l'entreprise.
En effet, dans les bonnes années, le résultat net sur chiffre d'affaires en alimentation animale est de 1 à 1,5 %, soit 4 à 5 €/t. Cela représente quasiment exactement l'optimisation permise par le processus de formulation et d'achat. « Par exemple pour 5 000 t d'aliments pondeuses, la seule optimisation sur la base des analyses proximales, c'est-à-dire les valeurs simples de protéines et d'énergie permet d'économiser 3,64 €/t, soit plus de 16 000 €/an », chiffrait Etienne Laffite, responsable technique de Wisium France (groupe Neovia), lors de la session, « Quand le laboratoire vous fait gagner », organisée par l'Aftaa le 1er juin dernier, à Rennes.
L'importance des accréditations du labo
Sur le marché des analyses en nutrition animale, quatre catégories principales d'acteurs existent : les laboratoires internes des usines qui, souvent, travaillent avec un NIR (spectromètre proche infrarouge), des opérateurs métier qui, à l'origine, ont développé leur laboratoire d'analyse en interne et se sont diversifiés, les généralistes de l'analyse, et les laboratoires publics comme le Laboratoire 35 qui appartient au service commun des laboratoires (SCL) plutôt sollicité dans le cadre des contrôles officiels. Le L35 est d'ailleurs le seul laboratoire officiel d'Etat pour le contrôle de la nutrition animale sur deux axes : la loyauté avec la vérification de l'étiquetage et la sécurité sanitaire avec la recherche de contaminants en microbiologie-chimie. Le métier du laboratoire est de donner des résultats comparables à ceux des autres laboratoires, d'où l'importance des accréditations du laboratoire prestataire choisi.
La notion d'incertitude, un point clé
« L'un des points clés reste la notion d'incertitude. La tolérance est un concept statistique. Une tolérance globale agrège trois parties : l'analyse, la prise d'échantillon, le process », explique Christophe Genouel, de L35. Un texte de loi précise l'écart technique, c'est-à-dire la tolérance de process qui peut aller de 10 à 40 % pour les plus grosses matières premières. Mais la tolérance dans les contaminants est nulle.
Si les plans d'analyses sont développés par chaque entreprise, l'association Qualimat, créée en 2008, propose des plans d'autocontrôles collectifs dans une double finalité : accroître le maillage de la surveillance en répartissant les coûts, et aider les entreprises dans la construction de leur propre plan d'autocontrôle, imposé par le paquet Hygiène. Chaque entreprise adhérente au plan collectif reçoit un plan personnalisé avec analyses matrice/contaminant, la constitution du plan global, des indications sur les évolutions, les protocoles d'échantillonnage, les valeurs seuils...Ces analyses viennent en ajout à son plan individuel.
Sécurité sanitaire : une question d'image
Chaque adhérent participe à la maîtrise du risque global. Il bénéficie des résultats mis en commun dans le cadre du plan et reçoit une alerte en cas d'entrée dans la base d'un résultat non conforme. Actuellement, soixante-huit entreprises ou groupes participent au plan aliment (88 % de la production nationale, cent soixante-dix-neuf sites de production) et vingt-deux, au plan complément (cinquante et un sites de production, 98 % des prémélanges, 87 % des aliments minéraux, 95 % des spécialités). « L'association a également une mission de valorisation des actions collectives », pointe Céline Ravel, permanente d'Oqualim. Depuis la crise de l'ESB, l'industrie de la nutrition animale est en effet souvent pointée du doigt.
Yanne Boloh
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