Un enjeu de bien-être au travail pour les opérateurs exposés Lutter contre le bruit dans les installations
Réduire au minimum les risques liés à l'exposition au bruit permet de respecter la législation, mais surtout de préserver l'audition et la santé des salariés.
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Jusqu'ici, les actions en matière de réduction du bruit étaient dirigées davantage dans le souci de limiter les nuisances envers le voisinage, « par crainte de plaintes éventuelles », précise Jean-Philippe Ollivier, de Services Coop de France. Trois arrêtés datés du 5 décembre 2006, du 20 août 1985 et du 23 janvier 1997 régissent d'ailleurs cette problématique, sans compter les éventuels arrêtés préfectoraux.
Ne pas sous-estimer une plainte
Selon le régime de classement de l'installation, l'exploitant doit respecter les niveaux sonores en limite de propriétés et des valeurs d'émergence (c'est-à-dire d'écart entre le bruit de l'installation en marche et à l'arrêt), dans les zones à émergence réglementée. Mêmes honorées, ces exigences ne le mettent pas à l'abri de plaintes. « La pire des réactions face à une plainte est de la méconsidérer », peut-on lire dans le guide sur le bruit édité tout récemment par Coop de France Métiers du grain (1). Cela a pour conséquence, aux yeux du riverain, de placer dans le registre du conflit ce qui relevait juste de la discussion. Au contraire, il faut désamorcer le conflit, après avoir vérifié la « légitimité » de la gêne. Sur une situation présente, des actions peuvent être menées comme la construction d'un mur. Sur des actions passées, il faut communiquer sur toute action réalisée de nature à supprimer ou à limiter la gêne sonore. Cela peut passer par de la pédagogie pour justifier une période chargée par exemple voire une visite d'installation pour faire comprendre au voisinage son fonctionnement. « En général, ça se règle à l'amiable », explique Jean-Philippe Ollivier. Dans tous les cas, il faut faire remonter à la direction les gênes manifestées.
Privilégier les actions à la source
Concernant les risques envers le salarié, des réflexions émergent, d'autant que le bruit est un des facteurs de pénibilité recensés dans le cadre de la réforme des retraites. « Travailler dans une ambiance bruyante présente un risque, celui de ne pas s'entendre et donc de ne pas se comprendre », prévient le guide sur le bruit. Surtout, l'exposition quotidienne à de forts niveaux de bruit entraîne fatigue auditive et pertes d'audition sournoises qui peuvent mener, à terme, à une surdité dont on se rend compte réellement une fois à la retraite. Cofacteur du stress, le bruit peut aussi entraîner d'autres effets néfastes pour la santé comme des troubles cardiovasculaires, de l'hypertension, des troubles du sommeil ou de la digestion.
Si le port de casques antibruit ou de bouchons d'oreille est une mesure de protection courante, il doit constituer dans la démarche un dernier recours. Les mesures à la source ou les mesures de protection collective sont beaucoup plus efficaces pour prévenir le risque et protéger la santé de l'opérateur ou du tiers. C'est d'autant moins difficile pour des sites qui se construisent ou se rénovent. Il n'y a pas forcément de recettes, mais il est possible d'agir sur plusieurs niveaux, à travers des mesures techniques et organisationnelles que détaille le guide de Coop de France. Premièrement, en modifiant à la source tant que faire se peut le matériel dans sa nature même ou son mode de fonctionnement. Deuxièmement, on peut intervenir sur la propagation du bruit par isolation ou capotage de la source, par ajout de silencieux, par interposition d'écrans, par l'éloignement de l'opérateur de la source de bruit, par traitement absorbant du local ou par traitement antivibration. Par ailleurs, l'installation d'une cabine permettant d'isoler un ou plusieurs salariés dans un atelier bruyant peut être une solution.
Des protections auditives en dernier recours
Il est enfin recommandé de repenser l'organisation du travail par une réduction du temps d'exposition et par des mesures organisationnelles (consignes et procédures). Restent donc, en dernier recours, les protections auditives individuelles contre le bruit (PICB). « Ces protecteurs doivent être choisis en accord avec les travailleurs et doivent être portés sans interruption dans les situations exposant au bruit », souligne le ministère du Travail, qui ajoute : « Sensibiliser et informer les travailleurs est une action fondamentale pour aider à prendre conscience des risques liés au bruit et donc à s'engager dans une démarche participative pour les réduire. »
Renaud Fourreaux
(1) Le Bruit - Guide de prévention des risques spécifique aux métiers du grain. Prix : 50 € HT. Rens. : sandrine.loup@coopdefrance.coop.
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