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Les négociations sont engagées ou déjà conclues dans les entreprises Egalité hommes-femmes : de la théorie à la pratique

Depuis le 1er janvier 2012, les entreprises d'au moins cinquante salariés doivent conclure un accord avec les représentants du personnel ou mettre en place un plan d'action en faveur de l'égalité professionnelle des hommes et des femmes.

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La femme est-elle l'avenir de la distribution agricole ? Elle y est en tout cas largement minoritaire. Selon l'observatoire des métiers de la coopération agricole, les femmes représentent 32 % des salariés. Ce pourcentage descend à 21,5 % chez les ingénieurs et cadres. Seul le personnel administratif est majoritairement féminin avec 62 %. Le constat est le même dans les entreprises de négoce avec seulement 25 % de femmes, selon la FNA (Fédération du négoce agricole). Pire, certains métiers semblent exclusivement réservés aux hommes. C'est le cas des technico-commerciaux ou des magasiniers. « Nous avons seulement deux femmes pour cent cinquante postes de magasiniers et également deux femmes pour une soixantaine de technico-commerciaux », rappelle Pierre Ouvry, le directeur des ressources humaines de Cap Seine. Pour les TC, Annie Gestin, déléguée régionale de l'Apecita en Bretagne, fournit deux explications : « Les candidatures de femmes sont peu nombreuses et les directions craignent un manque de disponibilité. Les mentalités doivent encore évoluer. »

Accord-cadre pour les coopératives

Si l'égalité hommes-femmes est souvent restée au stade des bonnes intentions, elle a été remise à l'ordre du jour par la loi sur les retraites de novembre 2010 et le décret d'application du 7 juillet 2011. Depuis le 1er janvier 2012, les entreprises d'au moins cinquante salariés qui ne sont pas couvertes par un accord ou un plan d'action peuvent être condamnées à une pénalité financière de 1 % de leur masse salariale. Avec la création du ministère des Droits des femmes, le gouvernement a montré son engagement sur ce sujet. Il a notamment annoncé, le 18 septembre, un aménagement du décret avec l'obligation de négocier sur la question de l'égalité salariale. Coop de France a anticipé dès 2011 en signant avec les syndicats un accord pour trois ans qui couvre dix-neuf branches de la coopération. Il prévoit une quarantaine d'actions réparties dans cinq domaines : mixité du recrutement, formation professionnelle, promotion, articulation vie privée/vie professionnelle et rémunération. Cet accord sert en général de base de discussion dans les coopératives.

A la FNA, aucune négociation n'a été engagée au niveau de la branche. « Mais nous avons informé nos adhérents sur le dispositif et la méthodologie, rappelle Natacha Alaux, directrice juridique de la fédération. Seulement 3 % des entreprises de notre branche ont plus de cinquante salariés. » Dans les plans d'action ou les accords, le développement de la mixité est la première mesure retenue. Elle devrait être facilitée par la place majoritaire prise par les femmes dans l'enseignement supérieur agricole. « Nous avons 30 % de femmes dans les postes de terrain, mais exclusivement des hommes dans le domaine des cultures. Nous allons sensibiliser et former nos managers de proximité pour qu'ils recrutent plus de femmes », explique Frédéric Soudon, le DRH de Triskalia. Chez Cap Seine, l'objectif est d'atteindre 25 % de femmes d'ici à trois ans, contre moins de 20 % actuellement. « Notre priorité porte sur les TC et les magasiniers, souligne Pierre Ouvry, le DRH. Pour cela, nous allons développer l'alternance et l'apprentissage, sensibiliser les écoles, puiser dans le vivier des saisonniers et former les recruteurs. »

Développer la mixité au niveau de la direction

La formation et la promotion permettent aussi de renforcer la place des femmes dans les instances de direction. « Nous avons seulement deux femmes parmi les dix membres du comité de direction de la coopérative et aucune dans celui du groupe », constate Irène Moog, DRH de Terrena. Pour faciliter cette formation et l'élargir à toutes les catégories, les accords prévoient des horaires adaptés aux contraintes familiales. L'articulation entre vie professionnelle et personnelle est également prioritaire. « Nous évitons les réunions avant 9 h et après 18 h et prenons en compte les familles monoparentales pour le planning des congés », souligne Irène Moog. Depuis deux ans, Terrena participe aussi au financement d'une crèche sur le bassin d'Ancenis. De son côté, Terrena teste avec la Mutualité Française un dispositif de garde pour les parents qui ont un horaire atypique en prenant en charge le surcoût.

Jean-Claude ballandonne

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