VU À L'ÉTRANGER Consorzio Agrario Cremona : l'innovation en alimentation animale
En difficulté il y a six ans, la coopérative agricole de Crémone, en Italie, a réussi un spectaculaire redressement grâce à son ingéniosité.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
« Nous n'avions pas le choix, pour survivre, il fallait innover en permanence », affirme Paolo Voldine, le directeur de production du Consorzio Agrario Cremona, principale coopérative productrice d'aliment du bétail d'Italie, installée dans la plaine du Pô. Une région célèbre pour ses fromages ou sa charcuterie, qui a su apporter aux agriculteurs un débouché à forte valeur ajoutée pour leur maïs. Dans cette zone encore en monoculture de maïs, avec des prix des terres supérieurs à 80 000 €/ha, les années 2009 et 2010 ont été terribles. « La coopérative a dû rependre en gestion des exploitations qui étaient en dépôt de bilan et qui nous devaient beaucoup d'argent », précise Matteo Verrati, jeune agriculteur, membre du bureau. Une première, qui n'était pas forcément dans les statuts et les objectifs de l'entreprise, mais qu'il a bien fallu assumer pour le bien collectif.
Produire moins cher
Réduire les coûts de production de l'aliment et augmenter leur efficience a été un premier axe de travail. Mais faire évoluer l'origine et les sources des matières premières dans la composition des aliments, dans cette région où le maïs est roi, n'a pas été évident. « Cela a fait partie de notre rôle d'élu de le faire comprendre aux adhérents », précise Matteo Verrati. Pour des raisons économiques, l'entreprise a commencé à s'approvisionner avec des maïs de moindre qualité à l'Est. Ensuite, elle a introduit de nouveaux composants comme des graines de coton, source d'énergie. Personne ne regrette ces choix aujourd'hui. L'innovation passait aussi par la flexibilité de l'usine et la largeur de gamme. « Nous sommes capables de faire 300 formules en vrac ou en sacs, avec des tonnages très différents, puisque nous allons jusqu'à répondre à des demandes de 3 t », assure Paolo Voldine. Les commandes sont livrées sous 48 heures par les trois chaînes de fabrication, entièrement automatisées. L'offre produit a aussi évolué vers le « Preunifeed », aliment fourrager complet.
Luzerne et blé dur en appui
Divisée par deux en trois ans, passant de 1,2 Mt à 600 000 t, la monoculture du maïs a été mise à mal. « Le projet d'entreprise 2010-2015 a clairement montré qu'il fallait d'autres sources de valeur ajoutée pour les producteurs, précise Paolo Voldine. La culture de luzerne d'abord, pour laquelle, grâce à des intermédiaires, la coop a trouvé des marchés au nord de l'Afrique et au Moyen-Orient. Autre opportunité avec le voisin Barilla. « Nous avions traditionnellement de bonnes relations au sein des instances locales mais pas de courant d'affaires, relate Matteo Verrati. Les circonstances nous ont amenés à parler ensemble. » La culture de blé dur a progressivement trouvé sa place. « Une petite révolution dans la plaine, car les agriculteurs étaient hostiles à cette culture. Cela nous a obligés à faire beaucoup de communication, et de la formation auprès des agriculteurs et de nos équipes. » D'autre part, la culture d'herbes médicinales est apparue pour répondre à une demande locale.
De leur côté, les experts en fabrication souhaitaient pouvoir valoriser les sous-produits de l'usine. Un véritable défi qui a demandé de longues heures de recherche. « Lorsqu'ils sont venus proposer de faire de la litière pour chat à base de rebus d'usine, nous avons été sceptiques », reconnaît l'agriculteur.
Litière pour chat
Après étude, le feu vert est donné pour un premier lot en 2013. Aujourd'hui l'usine, en produit 25 t qui sont distribuées dans ses propres magasins, mais aussi dans les magasins Ikea d'Italie et bientôt d'Allemagne en marque distributeur. Un produit dont la valeur ajoutée est six fois supérieure au maïs pour la coopérative. « Nous avons un plan d'investissement de 1,5 M€ pour l'an prochain sur une ligne spécifique de fabrication pour répondre à des demandes qui arrivent de toute l'Europe. »
Christophe Dequidt
Faire évoluer l'origine des matières premières dans la composition des aliments, dans cette région où le maïs est roi, n'a pas été évident, selon Matteo Verrati, jeune agriculteur, membre du bureau.
Dernière innovation une litière pour chat, à base de rebuts d'usine, distribuée par Ikea ou sous d'autres marques distributeur.
Avec la fabrication de litière, on obtient un produit dont la valeur ajoutée est six fois supérieure au maïs.
L'entreprise a introduit de nouveaux composants comme des graines de coton importées et valorisées dans l'aliment.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :