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VU À L'ÉTRANGER Crystal Farm passe du tout intégré aux régimes à façon

Dans un marché américain très intégré, le fabricant d'aliments Crystal Farm vise les interstices du marché libre. Son problème majeur reste l'approvisionnement.

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Installée dans le nord de la Géorgie, dans une zone de forte concentration en élevages avicoles et en couvoirs, Crystal Farm a été fondée en 1958 par Lloyd Strickland sur le modèle alors dominant : l'intégration de toute la filière oeuf, du couvoir à la fabrication d'aliments. Rachetée en 1988 par deux salariés, Ben Lacaster et Jim Brock, l'entreprise a abandonné sa branche intégration en 2006 pour se concentrer sur l'usine d'aliments pour animaux. " Nous sommes très différents des intégrateurs (comme Tyson), car ils ne produisent qu'un nombre limité de formules, alors que nous nous positionnons sur les créneaux de marché libre, en livrant par exemple des fermiers qui vendent leurs oeufs, leur lait ou leurs poulets sur les marchés, ou en direct à la ferme ", explique Eddie Brock, fils de Jim Brock, directeur de la société.

Avec 186 000 t par an et 21 salariés, l'usine produit majoritairement des aliments non granulés (80 % en semoulette, mash…) pour pondeuses, volailles de chair, vaches laitières et porcs. Si la firme possède sa propre flotte de camions (27 t de livraison par tournée), elle fait appel à des nutritionnistes indépendants, généralement liés à un prémixeur, pour la majeure partie de sa formulation et le suivi des élevages. " Nous travaillons finalement quasiment à façon pour chaque client ce qui les fidélise. "

Lutter contre les contaminations croisées

Les problématiques d'une telle entreprise ressemblent à celles de leurs homologues européens. " Nous cherchons à limiter les contaminations croisées, surtout avec les antibiotiques. Nous incitons les fermiers à traiter au maximum par l'eau de boisson. Et nous refusons de produire des aliments médicamenteux contenant certains principes actifs dits de classe I, comme le rumensin. " L'usine n'utilise aucun coproduit issu de ruminants, mais ne s'interdit pas les farines de viande de volaille ou de porc. " Même si nous n'avons pas d'ESB, contrairement aux Européens, et que la réglementation n'interdit aucune utilisation, nous prenons des précautions. " Et Eddie Brock est convaincu que "le surcroît de réglementation n'apporte rien à la sécurité alimentaire. Il faut laisser les entreprises faire leur travail ". Les méthodes de gestion de ces contaminations croisées reposent principalement sur le refus d'incorporation de certains produits et les interdits de succession dans la fabrication, car le site ne dispose que d'un seul mélangeur. L'homogénéité du mélange assuré par la machine est contrôlée chaque année avec la méthode proposée par Adisseo et développée en France.

Vers la fin de l'hégémonie des formules maïs-soja

La maîtrise de la granulométrie s'appuie beaucoup sur le broyage différencié du maïs. L'usine dispose ainsi de deux broyeurs l'un pour broyer très finement le maïs destiné aux aliments granulés, l'autre pour une granulométrie de 600 à 700 microns qui convient mieux pour le mash. L'optimisation de la logistique est un problème qui monte. " Nous finançons la construction de stockage dans les exploitations. La hausse du prix du carburant incite à rationaliser les tournées et à aider les éleveurs à commander au plus juste ", note Eddie Brock. L'un des plus gros problèmes de contaminations, notamment en salmonelles, est en effet le retour d'aliments. Une question qui a été réglée en France par des refus purs et simples de reprises de fins de lots, une pratique qui semble plus délicate à faire abandonner aux éleveurs outre-Atlantique.

Enfin, l'augmentation du cours des matières premières modifie peu à peu la formulation. " Le maïs reste notre principale matière première avec le soja, mais nous incorporons de plus en plus de coproduits, voire du blé. Le colza est trop loin de notre Etat pour être intéressant, mais nous regardons toutes les ressources, notamment les coproduits de l'industrie de la boulangerie-biscuiterie. Nous utilisons un peu d'huile de palme d'importation pour les formules vaches laitières, mais surtout des graisses de volailles, des pulpes de citrus, de la mélasse. Nous nous dirigeons finalement peu à peu vers des formulations plus européennes ", résume Eddie Brock.

Yanne Boloh

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