VU À L'ÉTRANGER South Central Grain and Energy monte en régime

A une heure et demie de route à l'ouest de Minneapolis, dans le nord des Etats-Unis, South Central Grain and Energy est une coopérative de taille intermédiaire pour la région, avec trois sites de collecte- appro et une collecte qui s'est élevée en 2008, à 535 000 t, dont 80 % de maïs, 17 % de soja et 3 % de blé. « Même si les négociants sont aussi présents dans cette partie du Corn Belt américain, les coopératives ne se débrouillent pas trop mal. Certaines sont beaucoup plus importantes et comptent jusqu'à quinze sites de collecte, mais d'autres sont plus petites et n'en possèdent qu'un seul, explique Eugene Lutteke, directeur général de South Central Grain and Energy qui est née de la fusion, il y a quatre ans, de trois coopératives voisines. Nous nous sommes regroupés pour gagner en efficacité et apporter un service moins coûteux aux agriculteurs. » La coopérative du Minnesota dispose aujourd'hui d'une structure assez légère, 53 salariés pour un CA de 115 M€.

Rendements en forte hausse

Lorsque les cours étaient de 3,06 $/boisseau (83 €/t) en septembre, à Chicago, la coop retenait aux agriculteurs pour assurer le transport et son coût d'intermédiation, hors stockage : 0,31 $/b, soit 10 %. Ils ont accès aux options proposées par la bourse de Chicago (CBOT) via la coopérative qui leur communique, deux fois par jour sur leur portable, l'évolution des cours. Que ses adhérents travaillent ou non par le biais d'options, South Central Grain and Energy se couvre au CBOT pour 97 % de ses achats de maïs. Alors que le soja et le blé sont vendus à 95 % à des triturateurs ou des meuniers locaux, le maïs est destiné pour 12 à 15 % à l'usine d'aliment de la coop, 35 % à d'autres entreprises de nutrition animale, 30 à 35 % aux industriels de l'éthanol et le reste est exporté.

Si Eugene Lutteke gère au quotidien, l'ensemble des activités de collecte-appro de la coopérative, il s'est aussi transformé ses derniers mois en maître d'ouvrage. Il vient de construire trois nouveaux silos de 25 000 t chacun qui portent à 250 000 t les capacités de stockage. Malgré cela, il estime qu'il va devoir stocker à l'extérieur cette année sur des plates-formes de béton, à l'aide de bâches épaisses, environ 25 000 t de maïs. Ce qui va obliger la coopérative à envisager un nouvel agrandissement de ses installations. « Ces dernières années, les rendements en maïs augmentent de façon impressionnante, remarque le directeur. Lorsque j'ai commencé à travailler, il y a trente ans, ils étaient compris entre 65 et 80 q/ha. Il y a quelques années, ils étaient passés entre 95 et 105 q/ha, mais depuis cinq ou six ans, ils atteignent 115 et même 125 q/ha ! »

De l'aliment du bétail aux pneumatiques

Cette hausse s'explique, selon lui, par les progrès de la génétique et la généralisation des OGM. A l'échelle de la coopérative, les variétés OGM représentent entre 75 et 80 % des surfaces de maïs (résistances au Roundup et aux insectes) et entre 90 et 95 % des surfaces de soja (résistance au Roundup). A côté de l'activité collecte qui représente 52 % de son CA, South Central Grain and Energy produit également de l'aliment du bétail et commercialise auprès des agriculteurs, des semences, produits phytosanitaires, engrais, carburants et pneumatiques. Elle assure en général l'application de certains herbicides et des engrais azotés sous forme d'ammoniac. Un service qui facilite le travail des agriculteurs, à une époque où ils ont, avec les semis, un très grand pic de travail. « Nos adhérents gèrent aujourd'hui des exploitations de plus en plus importantes, souvent plus de 1 000 ha, avec très peu de main-d'oeuvre et ils continuent à s'agrandir, ajoute Eugene Lutteke. Pour accompagner l'agrandissement des exploitations, les coopératives vont sans doute continuer, elles aussi, à se regrouper. »

Blandine Cailliez