Cap Seine prend soin de ses seniors

Comment rajeunir les effectifs de l'entreprise tout en maintenant les seniors en poste dans les meilleures conditions ? Comme beaucoup d'entreprises, Cap Seine est confrontée à ce paradoxe lié au « papyboom » et à l'évolution de la législation sur les retraites. « La moitié de notre effectif a plus de 45 ans, indique Gérard Duval, directeur général adjoint de Cap Seine en charge des ressources humaines. Nous avons encore besoin de la compétence et de l'expérience de nos seniors. »

La loi de financement de la sécurité sociale pour 2009 prévoyait que les entreprises de 50 salariés et plus devaient négocier avant le 1er janvier 2010 un accord pour l'emploi des salariés âgés. « Nous avons eu affaire à des partenaires sociaux adultes et cet accord a été signé le 16 décembre 2009 avec un plan d'actions très concrètes », souligne Gérard Duval . Ces actions s'articulent autour de six grands thèmes : le recrutement, la transmission du savoir, la formation, l'amélioration des conditions de travail, l'anticipation et l'aménagement des fins de carrière.

Missions de tutorat

Au niveau du recrutement, l'accord prévoit d'avoir au moins 5 % de personnes de plus de 45 ans dans les embauches et de maintenir au minimum à 10 % l'effectif des plus de 55 ans. « Il faut être conscient qu'une personne recrutée à 52 ans a au moins dix années à travailler dans l'entreprise », rappelle Gérard Duval.

Parallèlement, la coopérative propose aux seniors en place, notamment à ceux qui ont effectué des tâches pénibles, de transmettre leur savoir : « C'est le cas des magasiniers. Nous leur confions une mission de tutorat auprès d'autres agents pour 30 à 50 % de leur temps. »

Les « anciens » encadrent les jeunes recrues dans le cadre du CQP (certificat de qualification professionnelle) agent de silo. « Bien sûr, ce tutorat s'adresse aux personnes qui ont le sens de la pédagogie et la capacité de transmettre leur savoir », souligne Gérard Duval. Un autre volet concerne l'entretien de seconde partie de carrière. La loi le rend obligatoire à partir de 45 ans et il doit être renouvelé au moins tous les cinq ans. Chez Cap Seine, il est baptisé « Entretien individuel de progrès »(EIP) et a lieu tous les deux ans : « Il permet d'anticiper la fin de carrière, de parler de l'évolution possible, de détecter les besoins de formation, et de découvrir les gens qui veulent bouger.»

Prévention des risques

Les seniors ont ainsi un accès prioritaire à la formation, notamment en informatique. A partir de 60 ans, ils peuvent aménager leur temps de travail et cumuler emploi et retraite. « Certains retraités apprécient même de revenir ponctuellement dans l'entreprise pour former des jeunes ou en cas de fort besoin en personnel au moment de la moisson », ajoute Gérard Duval. Enfin, le dernier point concerne la pénibilité et l'amélioration des conditions de travail. Cap Seine a signé avec la MSA un contrat de prévention des risques professionnels portant sur la manutention manuelle des charges : « Même si certains sites nécessitent des investissements, il faut également raisonner différemment la façon de stocker les produits, de les charger et de les transporter. » Une journée de formation sur ce thème, initialement destinée aux seniors, a été étendue à l'ensemble du personnel en 2011, 2012 et 2013.

Jean-Claude Ballandonne