Avoir un conseil d'administration représentatif des adhérents La gouvernance doit être le reflet du terrain
Afin de coller au terrain et à ses évolutions, le conseil d'administration d'une coopérative doit veiller à sa bonne représentativité. Rajeunissement et féminisation sont ainsi au programme. Tout en s'intégrant dans un mouvement naturel, sans rien forcer.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
« Même si la loi n'impose rien aux coopératives agricoles, aujourd'hui, nous recommandons d'adopter des démarches proactives pour renforcer la présence des femmes dans les conseils d'administration. » Cette recommandation est l'un des 117 points évoqués dans la nouvelle version du guide de l'administrateur publié par Coop de France (lire p. 60). Si la législation française impose, d'ici au 1er janvier 2017, la parité homme-femme dans le conseil d'administration des sociétés cotées ou de plus de 500 salariés et 50 millions d'euros de chiffre d'affaires, les coopératives agricoles sont épargnées avec un code rural n'abordant pas ce sujet. Or, la représentativité du conseil d'administration est « un enjeu très important, car elle renvoie à la légitimité des représentants », souligne Chantal Chomel de Coop de France, cheville ouvrière du guide, lors d'un colloque sur la gouvernance.
Sur le terrain, autour de 25 % des chefs d'exploitation sont des femmes. Et concernant leur représentation dans le conseil d'administration, il y a du chemin à parcourir, observe Philippe Mangin, président de Coop de France.
Administrateur chez Terrena, Gérard Guilbaud le reconnaît volontiers. Les vingt-neuf membres du conseil d'administration de ce groupe coopératif sont uniquement des hommes. « Autant sur les jeunes, nous ne sommes pas mauvais avec d'ailleurs une commission jeunes, autant sur la féminisation, nous ne sommes pas bons. Nous avons essayé mais c'est très difficile. » Quels sont alors les freins soulevés ? « Il n'y a certes pas eu une volonté farouche de proposer des candidatures de femme. Et d'autre part, le monde coopératif n'a pas toujours fait ce qu'il fallait pour les accueillir dans le conseil d'administration. » Pourtant, il existe un vivier puisqu'elles sont plusieurs à être présentes dans les commissions de production. Le niveau d'indemnisation des élus, revu à la hausse, peut couvrir les frais de remplacement et de garde d'enfants. Et le groupe d'Ancenis affiche une volonté nouvelle. Un module de formation pour futurs administrateurs va être proposé en 2015 pour les jeunes et les femmes « afin d'entraîner un mouvement collectif ».
Créer un vivier
Chez Even, Michel Boissel, ex-administrateur durant trente-deux ans, a insufflé en 2000, l'élan pour introduire les femmes dans le fonctionnement de la coopérative. Sur la section dont il dépend, elles sont maintenant six déléguées sur dix-huit au total. Et depuis 2012, deux femmes de cette section ont intégré le conseil d'administration qui compte trois femmes pour dix-huit administrateurs. Il estime que « très présentes sur l'exploitation en lait, les femmes ont le droit à la représentation. Leur présence dans l'équipe apporte un équilibre et une complémentarité ».
Cependant, il peut être nécessaire d'adapter l'organisation comme le souligne Anne Vandenbossche, vice-présidente d'Unéal, depuis un an, et qui consacre plus d'un mi-temps à toutes ses responsabilités professionnelles. « Je fais planifier toutes les réunions. Sans une bonne organisation, une femme en charge de famille aura plus de mal à s'engager. De plus, j'ai l'adhésion de ma famille, ce qui est essentiel et un atout. »
Travailler à faire venir la jeune génération peut être aussi une façon de drainer en même temps des femmes. La création d'un vivier prend aussi tout son sens pour mobiliser les jeunes à l'image de la démarche Atout jeunes.
Mixer les représentativités
La représentativité d'un conseil d'administration se mesure aussi à sa légimité eu égard au territoire et à la typologie des exploitations. « Dans la composition du conseil d'administration, nous souhaitons des profils jeunes et motivés tout en les reliant à une représentation du territoire et des filières », note Pierre Pagès d'Euralis. Chez Terrena, la candidature d'un futur élu est validée en bassin de vie et en bassin de production.
A Unéal, la recherche d'un équilibre et d'une bonne représentativité motive la composition du conseil, comme le précise sa vice-présidente : « Il s'agit de ne pas être en déphasage par rapport aux attentes du terrain. Nous veillons à ce qu'il y ait un nombre cohérent de personnes par région et aussi à un bon étalement de la pyramide des âges pour éviter tout renouvellement brutal ».
Hélène Laurandel
Pour accéder à l'ensembles nos offres :