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Une filière qui monte, et où les organismes stockeurs ont un rôle à jouer Accompagner un projet de méthanisation

La méthanisation agricole a un fort potentiel au regard du gisement d'effluents d'élevage ou des cultures énergétiques. Encore faut-il des acteurs capables de structurer la filière et d'accompagner des projets de plusieurs centaines de milliers, voire de millions d'euros.

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En 2020, 1 000 méthaniseurs. C'est l'objectif des ministères de l'Agriculture et de l'Environnement, au travers du plan EMAA (Energie, méthanisation, autonomie, azote) pour le développement de la méthanisation agricole. Pour l'instant, seules 200 unités fonctionnent fin 2014, selon l'Ademe. Il y a donc un fort potentiel de développement dans les années à venir. Encore faut-il que le marché décolle. Depuis deux ans, il stagne à environ 55 unités par an, alors qu'il en faudrait 160 par an pour atteindre le fameux objectif. Les organismes stockeurs peuvent, eux-mêmes, porter un projet de méthanisation en apportant, notamment, leurs issues de céréales, ou bien bénéficier de la chaleur produite par un méthaniseur. Mais ils peuvent surtout accompagner les agriculteurs à monter des projets. Offrir un nouveau service, une nouvelle prestation.

Du diagnostic à l'épandage de digestat

Une fois que l'on est persuadé du potentiel de la méthanisation et de l'importance de la structuration d'une filière, la coopérative ou le négoce doit choisir jusqu'où il accompagne les agriculteurs en évaluant les différents scénarios : information, diagnostic d'opportunité, étude de faisabilité comme un bureau d'études, assistance à maîtrise d'ouvrage, partenariat avec un constructeur, prise de participation au capital, suivi de digesteur, épandage du digestat, etc. La Cavac, coopérative de Vendée, a choisi de réaliser des préétudes gratuites, puis d'être très présente sur la partie agronomie, comme l'explique Philippe Albert, responsable du service du pôle environnement, bâtiment d'élevage et énergie. « La méthanisation possède une plus-value environnementale et grâce à ce procédé, on peut maintenir l'élevage. Nous proposons des plans de fumure, des plans d'épandage et les équipements pour épandre du digestat. Nous avons également mis en place une plate-forme de compostage qui peut reprendre la partie solide du digestat, si l'éleveur manque de surface d'épandage. »

De son côté, le groupe coopératif ligérien Terrena a cherché un procédé innovant qui conviendrait aux exploitations de sa région, puis, une exploitation pour le tester. Entre 2010 et 2013, le projet du Gaec du Buisson, près d'Angers, est élaboré. La coopérative n'est pas impliquée dans le capital, mais elle accompagne les éleveurs de A à Z. Elle les aide à diminuer le risque, en jouant sur la garantie bancaire avec son contrat pour porter l'innovation « Les Sentinelles de la terre ». La méthanisation est un nouveau métier qui ne s'improvise pas. « Si nous nous trompons sur la quantité d'intrants ou le pouvoir méthanogène d'un intrant par exemple, le projet peut déraper très facilement. Pour l'agriculteur, qui investit plusieurs centaines de milliers d'euros, c'est un risque important. A nous de l'accompagner correctement », souligne Xavier Lepage, responsable du service énergie, chez Vivescia. Pendant plus d'un an, entre 2010 et 2011, la coop champenoise a formé trois personnes : d'abord auprès d'experts comme le bureau d'études Solagro ou le Club Biogaz (association des professionnels du secteur), puis au travers de visites en Allemagne, au Luxembourg et en France. « Pour l'instant, nous sommes déficitaires mais nous investissons sur le long terme », ajoute Xavier Lepage. Un profil agronome peut être recruté, mais il devra être pluridisciplinaire et connaître les procédés dechauffage, la réglementation et le contexte juridique.

Une formation longue mais indispensable

Pour l'accompagnement de l'agriculteur, le premier objectif est de l'informer sur tous les aspects de la méthanisation et qu'il se pose les bonnes questions : combien de tonnes d'intrants sur la ferme ? Quel pouvoir méthanogène ? Quel besoin en chaleur ? Seul ou en collectif ? Est-ce qu'une conduite de gaz passe à proximité de l'exploitation ? Où vais-je épandre le digestat, etc. ? « Les coopératives doivent aussi inscrire le projet dans un territoire, le connecter aux besoins des habitants, l'expliquer sur le terrain. L'acceptabilité est un critère à ne pas négliger », indique Christian-Guillaume Marchal, directeur du cabinet conseil Greenflex. Enfin, pour que le nouveau service fonctionne, il faut, comme pour tout produit, un bon lancement marketing. « Il faut créer un événement local autour d'une ferme pilote. Comme les projets sont très longs, mieux vaut partir d'un projet existant et chercher à l'optimiser sur l'agronomie, l'utilisation de la chaleur ou les digestats », conseille Christian-Guillaume Marchal.

Aude Richard

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