Incontournable pour les fabricants d'aliments pour animaux Revisiter et optimiser la chaîne logistique
Avec plus de 20 millions de tonnes produites par an, l'industrie de l'alimentation animale est naturellement un gros consommateur de transports. L'optimisation de la charge utile est l'un des leviers pour maîtriser les coûts.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Premier levier de réduction des coûts industriels avant l'usine, la logistique impose de vrais choix stratégiques aux entreprises d'alimentation animale. Dans leurs coûts, les matières premières représentent en effet 70 % du prix d'un aliment fini, la logistique 16 %, la fabrication 8 %, le commercial 3 % et l'administratif 3 %. L'approvisionnement en matières premières, en vrac comme en sacs, est de plus en plus intégré au métier même de l'acheteur car les trois quarts des volumes sont achetés rendu usine. La logistique aval est encore plus stratégique. Elle va de la prise de commande, qui déclenche la production, à la relation physique avec le client qu'assure le conducteur, en passant évidemment par le respect de la qualité (le bon produit, en bonne quantité, au bon endroit et au bon moment).
Des véhicules très spécifiques
L'industrie se partage à parts égales entre deux stratégies : la gestion intégrée d'un parc propriétaire et la sous-traitance à un ou plusieurs transporteurs. Des options intermédiaires apparaissent avec par exemple l'externalisation des véhicules, mais non des chauffeurs (lire ci-contre). Actuellement, les fabricants utilisent deux types de véhicules pour les livraisons vrac : des porteurs à 3 ou 4 essieux d'un PTAC (poids total autorisé en charge) de 26 ou 32 t et des tracteurs à deux essieux plus semi-remorque, elle-même à 2 essieux (PTAC de 38 t) ou à 3 essieux (PTAC de 44 t). Pour faciliter la manoeuvre dans les cours de fermes, l'un de ces essieux peut être vireur. Compartimentés pour assurer des livraisons en vrac dans plusieurs élevages lors d'une tournée sans contamination, ils ne roulent à pleine charge que sur une partie de leurs trajets. Les usines mettent en place des incitations à la commande anticipée, mais les éleveurs commandent en général au mieux l'avant-veille de la livraison.
S'aider des logiciels d'organisation de tournées
Certaines usines sont parvenues à instaurer des jours de livraison en fonction des espèces animales ou des zones pour gérer les lots de fabrication. Mais les capacités de stockage en élevage freinent souvent l'organisation méthodique des tournées. La notion de dimensionnement est centrale : dimension de chaque compartiment des camions en fonction de la taille des lots de production (donc la taille de la mélangeuse), mais aussi dimensionnement des élevages pour réduire la circulation des camions sans pour autant obérer la qualité sanitaire des aliments par un stockage trop long. C'est pourquoi les entreprises proposent des aides à l'investissement dans des capacités de stockage. FranceAgriMer calcule aussi une taille en hors-sol compatible avec des livraisons par camions complets.
Le principal de l'optimisation via le choix de l'itinéraire reste aujourd'hui assuré par le responsable de la prise de commande, aidé par son logiciel d'organisation de tournées dont l'usage s'est généralisé. Les restrictions de circulation et les barrières de dégel perturbent cependant les livraisons. Les camions sont, par exemple, interdits de rouler cinq samedis en période estivale sur l'ensemble de la France, plus cinq samedis d'hiver en Paca. Ces restrictions de circulation empêchent l'optimisation de l'outil industriel ce que pointent les syndicats professionnels.
Rouler plus souvent pour réduire les coûts
La France compterait 2 600 chauffeurs en nutrition animale et 63 % des véhicules ne tourneraient qu'avec un chauffeur, autour de 9 h/j. La tendance est de chercher à faire rouler en deux postes (mais l'éleveur doit pouvoir être livré sur une plage horaire plus large). Enfin, réduire les coûts peut aussi passer par le respect de la réglementation. « Par exemple, note Sylvain Baudry de Soreal, un conducteur qui roule sans carte dans le contrôlographe, même sur une courte période, engage la responsabilité pénale de l'employeur (6 mois de prison maximum et 3 750 € d'amende). La conduite d'un poids lourd pendant plus de 6 h sans interruption d'au moins 45 min est sanctionnée d'une contravention de 5e classe (1 500 € par infraction) à la charge de l'employeur. Je n'évoque même pas la possibilité de l'accident corporel ! Pour contrer, en partie, sa responsabilité, l'employeur doit apporter la triple preuve de la formation, du contrôle et des sanctions en cas de dérapage de son salarié. »
Yanne Boloh
Pour accéder à l'ensembles nos offres :