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Lur Berri sécurise sa filière foie gras

Un bâtiment Armonia 5S de 840 m² est vendu clés en main 205 000 €. Les chaînes d'alimentation sont relevables pour pouvoir pailler facilement.

La coopérative basque croit en la reprise de la filière foie gras. Elle a lourdement investi pour que les principes de biosécurité soient appliqués à tous les échelons.

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Comme toutes les grandes coopératives du Sud-Ouest, dont l'activité repose en partie sur la filière foie gras, Lur Berri a été touchée par les deux crises successives d'épizootie aviaire. Cette année encore, sa production aura baissé de 25 % par rapport à 2016, qui était déjà une année déficitaire. « Mais nous avons pleinement confiance en la reprise de la filière et nous y croyons, affirme Emmanuel Chardat, directeur industriel Produits du terroir, chez Labeyrie, filiale gastronomie de Lur Berri. Ces crises ont été, pour nous, l'occasion de franchir des étapes et de mettre en place des outils permettant de lutter contre les contaminations. Notre personnel est devenu très vigilant car il en va de la filière et de ses emplois. »

Un bâtiment d'élevage hautement sécurisé

En amont, Lur Berri a conçu le bâtiment d'élevage Armonia 5S assurant biosécurité et confort de travail. Il permet d'accueillir les canards en bande unique et de les confiner, si besoin. Il dispose d'un sas technique d'où la distribution d'aliment, l'abreuvement et le système de ventilation sont régulés, ce qui permet d'obtenir des performances technico-économiques régulières et de réduire la mortalité des canards. Des échangeurs d'air assainissent l'atmosphère, tout en maîtrisant la température et le taux d'humidité. Les chaînes d'alimentation sont relevables pour pouvoir pailler facilement avec une pailleuse particulièrement maniable, capable de broyer et épandre la paille en fine couche régulière, sans soufflerie pour ne pas altérer l'ambiance du bâtiment.

Un module Armonia 5S de 840 m² est vendu clés en main tout équipé 205 000 €, dalle comprise. Lur Berri et Labeyrie ont créé un fonds de financement pour prêter aux éleveurs 30 % de l'investissement, une garantie pour les banques qui accordent ensuite les 70 % restants. Une clause spéciale prévoit qu'en cas de nouvelle crise sanitaire, les mensualités sont suspendues. Et pour compenser le surcoût des investissements, la coop a augmenté ses prix de reprise aux éleveurs de 15 %.

Le concept Armonia 5S est proposé depuis l'automne 2016 et Lur Berri prévoit d'en bâtir cent dix, d'ici fin 2018. « Aujourd'hui dix-sept éleveurs se sont déjà équipés de vingt-quatre bâtiments de différentes tailles (600 à 1 200 m²), précise Martine Chaléon, en charge du développement des palmipèdes et de la vente du matériel, chez Lur Berri. Nous construisons en moyenne 900 m² de bâtiments par semaine. »

Des transports propres

« Nous savons que les plus gros problèmes viennent des transports d'animaux, source de diffusion potentielle des virus, nous avons donc aussi travaillé sur ce point crucial, poursuit Emmanuel Chardat. Nous avons, tout d'abord, partagé notre aire de production en trois zones qui couvrent Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées, Landes et Gers, représentant environ un million de canards, au sein desquelles éleveurs et gaveurs travaillent ensemble. Jusqu'à l'abattage, les animaux ne sortent pas de leur zone. Cela limite les risques et économise les kilomètres parcourus. » Par ailleurs, du 15 novembre au 15 janvier, pendant la période de migration des oiseaux, les camions transportant les canards seront bâchés à l'aide de panneaux démontables et lavables, pour éviter tout échange avec l'extérieur. Une innovation de Lur Berri et de ses filiales, qui revient à 5 000 € par camion. La coop et le transporteur GT Dauga ont également investi 1,5 M€ à 50/50 pour la création d'une station de lavage de camions à Hagetmau (Landes), à la croisée des trois zones d'élevage-gavage. Tous les véhicules passent ainsi à la désinfection entre deux transports sur des exploitations. Cette station est ouverte aux autres opérateurs en prestation de services.

Enfin, en aval, Lur Berri et Labeyrie ont investi 10 M€ en trois ans dans la rénovation et la sécurisation de leur abattoir de Came (Pyrénées-Atlantiques), où passent tous les canards gras de la filière.

Rénovation exemplaire dans l'abattoir de Came

Les travaux ont pris en compte la mise aux normes en biosécurité, le bien-être animal et le confort de travail des salariés. Couloir couvert pour le déchargement des canards capable d'accueillir trois camions en même temps, lumière bleue tamisée pour que les animaux gardent leur calme à l'arrivée à l'abattoir, tunnel de lavage des camions... Rien n'est laissé au hasard. Fin août, quinze jours après la reprise des abattages, l'usine tournait déjà à 60 000 canards par semaine, contre 70 000 en rythme de croisière. Le groupe Lur Berri ne doute pas qu'il atteindra à nouveau sa production habituelle de 3,1 millions de canards IGP Sud-Ouest transformés en 2018.

Florence Jacquemoud

Emmanuel Chardat (Labeyrie), Martine Chaléon (Lur Berri) et Séverine Laban (Labeyrie), devant un camion bâché à l'aide de panneaux démontables et lavables.

Mise aux normes optimale à l'abattoir de Came : couloir couvert pour le déchargement, lumière bleue tamisée pour que les canards gardent leur calme à l'arrivée, tunnel de lavage des camions...

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