Bord Bia, championnedu développement durable Bord Bia, qui fait le lien entre l'Etat et les filières agricoles, a réussi à faire de l'Irlande la référence mondiale du développement durable, grâce à son label Origin Green.
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«L'Irlande est la référence mondiale sur le développement durable », affirme sans ambiguïté Padraig Brennan, directeur international de Bord Bia, agence gouvernementale, à l'origine de la démarche Origin Green. « Une action volontariste, validée par tous dans le pays, indispensable pour nos agriculteurs, la survie de leurs exploitations et l'exportation. » En moins de dix ans, l'ensemble des acteurs de la filière bovine a créé un référentiel commun. 100 % des éleveurs devront répondre aux cahiers des charges au 1er janvier 2018, au risque de se voir refuser la vente de leur production aux industriels des filières de transformation, lait et viande. On est Bord Bia ou on disparaît. La réussite est telle qu'une démarche similaire va prochainement s'étendre aux légumes, aux céréales et aux élevages porcins.
Un référentiel coconstruit
L'Irlande, c'est avant tout la valorisation de l'herbe dans les filières lait et viande (80 % de l'activité agricole). La pluviométrie de plus de 1 200 ml/an permet de cultiver les prairies de façon très efficace et rentable. « L'Etat a passé un deal avec le monde agricole en imposant un cahier des charges de production qui fait du pays le meilleur au monde en matière d'empreinte carbone. En contrepartie, il assure des moyens marketing et commerciaux, à travers l'agence Bord Bia », sourit Andrew Mullins, directeur du développement durable de Bord Bia. Le cahier des charges a été coconstruit avec les acteurs des filières lait et viande, les grandes entreprises, comme Nestlé, Unilever, Marks andSpencer, Tesco, Mars, Cargill et les plus petites locales, O'Brien Fine Foods, Carrig Brewing Company, Irish Country Meats... Une large concertation qui a duré près de dix ans.
Se différencier à l'export
L'enjeu était de taille dans un pays qui exporte 31 % de son lait et 37 % de sa viande. Sur le marché international, il fallait se différencier. Agriculteurs, industriels, grande distribution, ministère se sont mis autour de la table pour créer le référentiel et l'image de marque « Origin Green ». Cinq cent quatre-vingt-huit entreprises de transformation et de la distribution ont donné leur accord, et progressivement, tous les éleveurs du pays. Adrian Crean, directeur de McDonald's Ireland est très favorable à cette charte qualité. « Nous accueillons 150 000 clients par jour. Le label Origin Green est un gage pour eux. Ce qu'il mange a été produit dans le respect du développement durable. » Pour Boortmalt, principal producteur de malt, le message va dans le même sens, Origin Green assure que les six cents agriculteurs qui produisent de l'orge, le font suivant des règles de production conformes aux bonnes pratiques et suivant un cahier des charges respectueux de l'empreinte carbone et de l'environnement. Pour les aider et rester en recherche permanente, l'EAGASC, l'équivalent de l'Inra irlandais, est à leur service : « Nous développons un partenariat étroit avec Bord Bia et les entreprises membres », précise John Finn, chercheur spécialisé dans le sol. Les recherches sur l'empreinte carbone sont au coeur de notre institut. » Bien que réticents au départ, les agriculteurs ont rapidement adhéré à la démarche. Au départ, parce qu'ils n'avaient pas le choix, puis, ils en sont devenus prescripteurs car elle permet une meilleure valorisation et surtout des débouchés à l'export.
Pas du bio, mais du durable
John Hagan, directeur général adjoint de Country Crest, une exploitation agricole de polyculture-élevage de 800 ha (150 ha de pommes de terre) dont la totalité des productions est transformée à la ferme en plats cuisinés, a été l'un des tout premiers à avoir donné son accord. « Dans un pays fortement sensible et impliqué dans la qualité de sa nourriture et de son environnement, il fallait, si nous voulions pouvoir être reconnu à la fois dans notre pays, comme à l'export, se différencier. C'est ce que nous a apporté Bord Bia, précise John Hagan. Le cahier des charges encadre un peu l'utilisation des intrants. On ne parle plus de bio chez nous mais de "sustainable" (développement durable). On nous donne des méthodes et des analyses comparatives entre agriculteurs que nous pouvons présenter à nos acheteurs irlandais ou étrangers. » Même son de cloche, chez Joe Hayden, 165 vaches laitières, qui fournit son lait pour élaborer le fameux Baileys. « Nous sommes les meilleurs vendeurs de cette boisson magique car nous pouvons prouver le bilan carbone de toutes nos productions. C'est fondamental à l'export. »
De même, dans l'élevage allaitant de 70 vaches limousines de Liam Delaney, la certification Bord Bia a été valorisée à la télévision par McDonald's qui est venu le filmer dans ses prairies et dans ses pratiques. « Nous sommes visités tous les dix-huit mois par l'un des 120 contrôleurs. Il est là pour nous faire avancer, pas nous surveiller. » Résultat : pari engagé, pari tenu ! L'ensemble des producteurs, distributeurs, industriels et des médias ont joué le jeu. Le consommateur irlandais a suivi. Seule une petite poignée d'irréductibles, inférieur à 1 % de la population, parlent encore de bio ou de véganisme. Un modèle marketing qui fait école.« Grâce à nos producteurs et à des agents commerciaux dans quinze pays, nous avons l'ambition de doubler notre production laitière et d'accroître de 40 % l'exportation de viande bovine et ovine à l'horizon 2025 », se réjouit Padraig Brennan.
Christophe Dequidt
Joe Hayden fournit son lait pour élaborer le fameux Baileys.
C. DEQUIDT
John Hagan, directeur adjointde l'exploitation de polyculture-élevage Country Crest.
C. DEQUIDT
Country Crest effectue de la vente directe et de la transformation.
C. DEQUIDT
Liam Delaney, ici, avec sesparents, a été la vedette d'un filmde McDonald's sur la démarcheOrigin Green.
C. DEQUIDT
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