Extrusel relance la trituration de graines de soja non OGM

La nouvelle chaîne de trituration de graines oléagineuses d'Extrusel sera opérationnelle dès cet automne. Grâce à cet investissement de 2,5 M€, en plus des 30 000 t de colza déjà traitées, 40 000 t de graines de soja non OGM y seront travaillées en 2015. « Notre objectif est d'accompagner le développement des surfaces de soja dans la région Bourgogne - Franche-Comté - Rhône-Alpes », précise Michel Duvernois, le directeur d'Extrusel et de la coopérative Bourgogne du Sud, l'une des coops fondatrices de cet outil industriel. En 2014, la sole s'est établie à 14 300 ha en Bourgogne (20 % des surfaces françaises de soja), en hausse de près de 9 000 ha par rapport à l'année précédente.

Le soja, culture durable

Et le contexte économique, réglementaire, environnemental n'a jamais été aussi favorable au soja tracé non OGM. La forte augmentation des primes de marché, la difficulté pour les filières sous cahier des charges non OGM de s'approvisionner, les évolutions des variétés (voir ci-dessus) et des itinéraires de désherbage militent pour la progression de cette culture, bien adaptée au contexte pédoclimatique des plaines de Saône et de Bresse. La culture du soja, moins coûteuse que celle du maïs, retrouve son intérêt agronomique face aux contraintes d'IFT, de gestion de l'azote, de diversification des assolements. Pour valoriser les graines, il est donc urgent de développer des outils de transformation.

L'investissement réalisé à Chalon-sur-Saône s'inscrit dans le cadre du schéma national Terres OléoPro pilotée par Sofiprotéol, la société de financement du groupe Avril. Trois unités de trituration du soja non OGM vont être développées dans l'Hexagone : l'une à l'ouest (120 000 t), la seconde dans le Sud-Ouest (35 000 t) et la troisième en Bourgogne à Chalon-sur-Saône (40 000 t).

Une démarche nationale

« Le développement d'unité de transformation est essentiel pour valoriser les 250 000 ha de soja qui vont vite se développer dans l'Hexagone », assure Michel Duvernois. Les tourteaux de soja HP expeller (1) non OGM produits dans ces trois usines le seront selon un cahier des charges identique et vendus à un tarif unique. Plus sec que son homologue brésilien (3 à 4 % d'humidité au lieu de 12 %), le tourteau français non OGM affichera une teneur supérieure en protéines soit trois points supplémentaires, ainsi qu'une teneur en FAT (facteurs antitrypsiques) « bas » (inférieur à 6 000 UTI/g). L'huile dégommée et clarifiée sera valorisée dans le cadre d'un contrat avec Lesieur sous un label « huile de soja français ».

En Bourgogne, l'idée de valoriser les graines de soja produites localement n'est pas nouvelle.

Un retour aux sources

Pour Bourgogne du Sud et ses partenaires (voir fiche d'identité), c'est la troisième tentative depuis 1988. Les deux précédentes avaient échoué quand les prix du soja avaient chuté. « Cette fois-ci, le prix de la graine sera indexé sur celle du colza et non plus sur les cours du soja à Chicago, annonce Michel Duvernois. Pour le tourteau, un prix cohérent avec celui des importations, sera proposé aux utilisateurs. » Trouver le point d'équilibre entre la rémunération des producteurs et le coût induit pour les éleveurs constitue l'enjeu majeur du projet. Il faut en effet « rester dans le marché ».

Anne Bréhier

(1) Tourteau de soja à forte teneur en protéine (HP) obtenu par extraction par pression et cuisson sans utilisation de solvant (expeller).