Login

EMC2 se lance dans la filière lin

David Meder, responsable de la collecte et des achats aux adhérents chez EMC2.« Nous nous sommes inscrits dans une vraie démarche de filière. »C. URVOY

La coopérative lorraine EMC2 développe le lin oléagineux avec la filière Bleu-Blanc-Coeur pour favoriser la diversification des assolements.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Les adhérents d'EMC2 se trouvant historiquement en zone intermédiaire (Meuse et Haute-Marne principalement), la diversité des assolements se trouve limitée par la qualité des sols et le climat. Si les agriculteurs en polyculture-élevage (80 % des adhérents) peuvent implanter du maïs en plus du colza, du blé et de l'orge, les céréaliers n'ont souvent que ces trois cultures avec à la clé des problèmes de désherbage.

« Nous manquions de culture de printemps rentables », explique David Meder, responsable de la collecte et de la politique d'achat aux adhérents chez EMC2. « Même si le tournesol a vu ses surfaces se multiplier par quatre en trois ans après le gel de 2012, notamment, il est souvent récolté trop humide par manque de chaleur à l'automne dans la région. Quant au pois, les rendements ne dépassent pas 30 q/ha cette année. Nous avions quelques producteurs de lin historique, d'où l'idée de développer cette culture qui ne nécessite pas de matériel spécifique contrairement à d'autres. »

Une vraie alternative

Après un contact avec Oléo-lin, association regroupant plusieurs acteurs de la filière pour développer la production, et Lin 2000 (producteur de semences), un test a été réalisé en 2012 chez trois adhérents avec 10 ha chacun. « Avec des rendements très corrects de 25 q/ha en moyenne vendus à 500 €/t et des charges opérationnelles de 380 €/ha, cette première année a permis de valider la faisabilité technico-économique de la culture. Cela correspond en effet à un blé à 73 q/ha. Or, sur notre zone, son rendement moyen se situe plutôt aux alentours de 66 q/ha. Le lin est aussi rentable, sinon plus, que le blé et du même niveau qu'un colza à 40 q/ha vendu à 300 €/q. C'est une vraie alternative technico-économique. »

Depuis 2013, EMC2 se met d'accord avec Oléo-lin sur la surface totale à répartir entre ses adhérents en fonction des besoins et de ce que EMC2 pense pouvoir produire. Un contrat est signé en décembre avec chaque producteur avec une surface et un prix de vente. Ce dernier s'engage à tracer toute sa culture. En janvier ou février, au cours d'une réunion, Bleu-Blanc-Coeur explique la démarche filière aux agriculteurs, et Oléo-lin l'itinéraire cultural avec notamment les stades clés à ne pas rater. Les agriculteurs en ressortent avec un itinéraire technique sur papier. Avec l'augmentation du nombre de producteurs de lin, EMC2 assure maintenant le suivi technique, réalisé au départ par Oléo-lin.

Des adhérents motivés

La coopérative gère l'approvisionnement en semences avec Lin 2000. Les zones de production sont relativement regroupées autour de certains silos de collecte. EMC2 a dédié le silo de Fresnes-en-Woëvre (Meuse) au stockage du lin avant expédition par camion à Valorex, en Bretagne. Faisant parti de la filière Bleu-Blanc-Coeur, Valorex applique un procédé de thermo-extrusion sur la graine de lin pour l'éclater, libérer les huiles, les oméga 3 et les oméga 6, afin qu'ils soient facilement assimilables par le bétail et pour limiter les agents antinutritionnels. En 2013 et 2014, la culture s'est bien déroulée à part quelques soucis d'homogénéité de la maturité du lin intraparcellaire dans certains types de sol. Le lin a en effet besoin de sols profonds comme les limons-argileux. « Les rendements moyens ont un peu diminué depuis 2012, car il est difficile de mettre toute la production en terre vraiment profonde vu l'augmentation des surfaces, souligne David Meder. Alors qu'au début nous cherchions des producteurs volontaires, aujourd'hui ceux qui s'y retrouvent au niveau technico-économique renouvellent d'emblée leur contrat et d'autres nous sollicitent pour en cultiver. » Pour 2015, l'objectif d'EMC2 est d'implanter au minimum 1 000 ha, voire plus, en fonction des retours du terrain après la récolte 2014 et des besoins de la filière.

Chantal Urvoy

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement