VU A L'ÉTRANGER Progeo relance le blé dur
Pour fournir Barilla en blé dur, la coopérative italienne Progeo a dû motiver ses adhérents et améliorer le stockage des grains.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
La coopérative Progeo s'est associée avec Esperia, Cereali Romagna pour créer la plus importante organisation italienne de producteurs : Cereali Emilia Romagna. Elle rassemble 6 700 agriculteurs qui produisent 390 000 t de céréales à paille, soit 4,3 % de la production céréalière nationale. Ce signal d'agrégation de l'offre a attiré l'attention de Barilla, qui cherchait un approvisionnement italien en blé dur pour sa production de pâtes. Un accord-cadre est alors lancé il y a six ans entre l'entreprise agroalimentaire et différents opérateurs locaux de la filière pour relancer la culture du blé dur dans cette région aux conditions climatiques favorables. Fort de son expérience en blé tendre, Progeo y a vu une opportunité pour ses adhérents. Cent cinquante d'entre eux se sont portés candidats et y sont fidèles.
Un stockage différencié
Les conditions posées par Barilla étaient claires : des variétés et des qualités adaptées à la production de pâtes et une livraison mensuelle d'août à mai. De son côté, Progeo a réorganisé ses silos : vingt cellules de 1 000 à 3 000 t sont destinées au stockage du grain, selon des critères physiques (humidité, variété et poids spécifique) et sanitaires. En amont au champ, puis lors de la réception, la coop procède à des analyses afin de déterminer les caractéristiques qualitatives et les risques de contamination. Les lots sont ainsi constitués. Ensuite, les techniques physiques de conservation, telles que la ventilation, la réfrigération et l'atmosphère contrôlée sont privilégiées, les traitements chimiques conformes au cahier des charges ne sont utilisés qu'en cas d'extrême nécessité.
Faute de temps à la collecte, la coop cherche à anticiper la formation des lots en amont, par des contrôles aux champs. Les céréaliers, quant à eux, ont adapté leurs assolements : la première année, blé dur, blé tendre, orge, l'année suivante, maïs, sorgho, soja. En moyenne, ils ne consacrent que 15 à 20 ha au blé dur. « Nous insistons pour que leur assolement réponde à des critères plus agronomiques qu'économiques », commente Loredano Poli, directeur commercial, chez Progeo.
Un juste prix
L'intérêt économique de ce contrat-cadre n'est pas négligeable. A l'heure de la volatilité des cours, les partenaires sont arrivés au fil des années à « un juste prix », de l'avis des deux parties. Il s'agit d'acheter une part des quantités contractualisées au cours moyen mensuel de la Bourse de Bologne, et au maximum 40 %, à un prix minimum garanti qui couvre les coûts de production, allant de 210 à 280 €/t, selon les variétés. « Barilla aurait préféré une proportion plus équilibrée, mais au moment des négociations en 2010, les conditions de marché étaient plus favorables aux exploitants », note Emilio Ferrari, responsable des approvisionnements, chez Barilla. Progeo a choisi une répartition 35/65. Au total, avec la prime protéique (36 €/t maximum), la tonne de blé dur avoisine les 270 €. La prestation de stockage est payée par Barilla à la coop.
« Les efforts agronomiques étaient autrefois anéantis par de mauvaises conditions de stockage et une absence de distinction des grains. Grâce à nos services, le travail des agriculteurs est reconnu et valorisé. Sans l'approche filière de ce contrat-cadre, les agriculteurs n'y auraient rien gagné », analyse Loredano Poli. Au départ, Progeo bénéficiait d'un contrat de fourniture de 7 000 t, pour la campagne 2011-2012, il s'élevait à 12 000 t, soit 13,3 % du total contracté par Barilla.
Nadia Savin
Pour accéder à l'ensembles nos offres :