Un passage obligé pour les stations avant la mise en marché Procéder à l'autocontrôle des engrais de mélange
En tant que metteur en marché, le mélangeur doit pratiquer un contrôle qualité des produits finis qu'il commercialise. Une étape parfois négligée.
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C'est une obligation. La loi prévoit que le metteur en marché (y compris le mélangeur donc) fasse un auto-contrôle de sa fabrication. L'arrêté du 5 septembre 2003, relatif aux vérifications auxquelles doit procéder le responsable de la mise sur le marché des matières fertilisantes et supports de culture normalisés, est là pour le rappeler. Il mentionne notamment la nécessité de pratiquer des analyses trimestrielles de chaque paramètre déclaré sur l'étiquetage ou le bordereau de livraison et de vérifier l'innocuité des produits en contrôlant tous les six mois les teneurs en métaux lourds. auto-contrôle n'a d'autre but que celui de vérifier que l'étiquette corresponde à la réalité du contenu du produit, notamment qu'il ne soit pas intervenu un sous-dosage. "Même si la loi n'oblige que le contrôle sur les produits finis, le bon sens veut que l'attention soit portée en priorité à la matière première, commente Dominique Aubrun, spécialiste de la réglementation des fertilisants. Il n'est pas réaliste d'espérer produire des engrais de mélange de bonne qualité avec des matières premières imparfaites." Alors que l'acheteur ne s'intéresse souvent qu'au prix, il doit connaître aussi les qualités chimiques et granulométriques dont le mélangeur a besoin pour réaliser des mélanges homogènes. Le responsable de la station ou le technicien doit s'assurer, lui, de la qualité et de la conformité des matières premières qu'il reçoit par un échantillonnage systématique à réception. La décision de pratiquer des analyses, qu'elles soient chimiques ou granulométriques, revient au responsable commercial ou au responsable qualité-sécurité.
Choisir un laboratoire agréé
Le minimum requis est d'une analyse par trimestre, mais les bonnes pratiques militent en faveur d'une plus grande fréquence, à la fois sur les formules et sur les matières premières utilisées. Pour ces dernières, cela concerne surtout celles importées comme le DAP, le TSP ou des engrais composés (formules-mères) servant à la fabrication d'un mélange, afin d'en vérifier le titrage. Cette précaution vaut moins pour de l'ammonitrate 33,5 ou du KCl 60, pour lesquels le mélangeur peut se baser plus assurément sur la déclaration du fabricant. Mais c'est en général au mélangeur (ou via ses représentants, l'Afcome ou son homologue européenne, l'Efba) de construire un relationnel avec ses fournisseurs. Concernant les analyses de métaux lourds, onéreuses et à réaliser deux fois par an, le mélangeur peut demander aux fournisseurs de matières premières de lui adresser tous les six mois la copie de ces analyses. Au sujet de l'échantillonnage, qu'il concerne les matières premières ou les produits finis, le technicien doit se reporter à l'unique norme reconnue, la NF EN-1482-1 et mettre en place son plan d'échantillonnage en fonction de la taille du lot à échantillonner. En tout cas, il est nécessaire de réaliser les prélèvements élémentaires dans le flux du produit, ensuite de les rassembler pour former l'échantillon global. Lequel est ensuite réduit et divisé sur place en plusieurs échantillons identiques qui sont soigneusement étiquetés afin de procéder à des analyses granulométriques des matières premières et de constituer une "échantillothèque" au sein de laquelle l'on pourra sélectionner des échantillons à analyser chimiquement (0,5 à 1 kg/échantillon final). Pour ces analyses chimiques, mieux vaut d'ailleurs envoyer les échantillons dans un laboratoire agréé pour éviter toute contestation. Le mélangeur aura donc un choix limité entre Sadef dans le Haut-Rhin, LDAR dans l'Aisne, SGS Multilab en Seine-Maritime et les labos de la DGCCRF en Gironde.
Consigner les résultats pendant trois ans
Une fois les résultats restitués, l'archivage pour trois ans, au sein par exemple d'un cahier d'analyses chimiques des éléments fertilisants et des métaux lourds, est obligatoire. Il peut être centralisé et confié au personnel administratif. Tout comme l'archivage des échantillons et des fiches de fabrication, afin d'établir la traçabilité des livraisons. En cas de résultats non conformes à l'étiquette, et même si le produit a déjà quitté la station et est peut-être épandu, le responsable qualité-sécurité ne devra pas oublier de chercher la provenance de la dérive dans la formule. L'appareil de pesage est-il défectueux ? Y a-t-il eu un problème de ségrégation granulométrique et donc de démélange ? L'enquête est ouverte.
Renaud Fourreaux
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