Limagrain en force sur la sélection du blé

«Nous avons décidé de nous intéres ser de beaucoup plus près au blé parce que c'est la première espèce cultivée dans le monde, avec 226 Mha et qu'elle est destinée à 60 % à l'alimentation humaine, explique Daniel Chéron, directeur général du groupe Limagrain. C'est aussi parce que les besoins en blé vont continuer à augmenter fortement dans les années à venir, pour répondre à la croissance démographique mondiale, et que nous sommes persuadés que les rendements en blé vont augmenter. Nous pensons qu'ils peuvent passer de 2,9 t/ha, en moyenne, aujourd'hui, à 5 t/ha dans dix ans, à l'échelle de la planète, en introduisant de bonnes variétés et en modifiant la façon de les produire. »

Le groupe semencier estime, qu'à terme, la part des semences de ferme va baisser. Il ne cache pas non plus son intérêt pour les blés hybrides, en explorant d'autres pistes que celle des gamétocides, les voies génétiques notamment. « Nous croyons aussi que d'ici quelques années, des OGM de blé seront commercialisés, ajoute Daniel Chéron. Les premiers marchés concernés seront ceux des Etats-Unis et de Chine. » Limagrain est enfin très impliqué dans les filières de transformation du blé, avec Limagrain Céréales Ingrédients en farine, Jacquet en boulangerie industrielle et maintenant Brossard en pâtisserie industrielle.

Devenir un expert mondial du blé

L'objectif affiché du groupe est clair, devenir un des leaders mondiaux de la sélection du blé. Il entend pour cela investir massivement dans la recherche. Il dispose de vingt et une stations de recherche et sélection blé dans le monde qui mobilisent cent cinquante chercheurs. Il compte accroître de 30 % son budget R & D consacré au blé avec une répartition de 80 % en sélection traditionnelle, 10 % en blés hybrides et 10 % en OGM. Si le maïs représente encore 57 % de son chiffre d'affaires semences de grandes cultures, au niveau mondial, les céréales à paille arrivent en deuxième position, avec 13 %, deux tiers en blé, un tiers en orge.

Limagrain est déjà numéro 1 sur le marché du blé en Europe, il se fixe désormais quatre objectifs majeurs, les Etats-Unis, l'Amérique du Sud, l'Australie et l'Asie. Depuis trois ans, en Australie, il a pris une participation de 33 % dans AGT, Australian Grain Technologies. En Argentine, il a créé un joint-venture 50-50 avec la société Don Mario et aux Etats-Unis passé un accord en OGM blé avec le laboratoire Arcadia Biosciences, et racheté quatre obtenteurs blé pour créer avec Arcadia, Limagrain Cereal Seeds. « En Chine, nous sommes présents depuis une quinzaine d'années en riz, mais nous devons trouver un bon partenaire, pour le blé, précise Michel Debrand, directeur de Limagrain Cereal Seeds. En Inde, des discussions sont actuellement en cours pour acquérir un acteur local. »

Blandine Cailliez