Cohesis transporte la nuit
Pour fluidifier l'entrée et la sortie des grains au niveau des silos lors du pic de moisson, Cohesis a instauré le transfert de nuit.
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"La moisson se réalise de plus en plus vite, souligne Olivier Bacon, directeur d'exploitation chez Cohesis (Reims, Marne). Se pose alors pour nous le problème de désengorger les silos accueillant les adhérents. Au départ, nous avons augmenté le nombre de camions le jour pour transférer plus rapidement la récolte. Au bout d'un moment, c'est l'effet inverse qui s'est produit : le flux trop important de véhicules engorgeait le silo et augmentait leur temps d'attente, d'où au final une perte de productivité en tonnes dégagées. " La saturation des silos entraînait aussi un mécontentement des adhérents. " Comme nous travaillions déjà sept jours sur sept en pleine moisson, la seule façon d'élargir la plage horaire de travail était d'avoir recours au transport de nuit. " Ce système a débuté il y a six ans, et s'est élargi progressivement à différentes zones géographiques et avec plus de camions, jusqu'à sa généralisation à toute la coopérative l'an dernier.
Deux périodes de six jours
Sans flotte interne, Cohesis fait appel aux transporteurs régionaux. Certains ont déjà l'habitude du transport de nuit avec les betteraves ou les légumes. Mais il leur faut embaucher des salariés supplémentaires pour une période très courte, ce qui n'est pas toujours aisé en raison de la pénurie de chauffeurs. Le système fonctionne de 22 h à 5 h du matin sur une période de treize jours avec un jour de repos réglementaire entre deux périodes de six jours. " Nous essayons de positionner ces treize jours au niveau du pic de moisson qui se situe habituellement entre le 20 juillet et le 5 août. Le top départ se décide le 15 juillet en fonction de la météorologie. " Ce système est lourd à mettre en place avec les contraintes de personnel, et une fois démarré, il ne peut plus être stoppé.
Le service prime sur le surcoût
Le transport de nuit devient alors prioritaire sur celui de jour, s'il n'y a pas suffisamment de volumes à transférer. De 135 camions par jour en moyenne, Cohesis passe alors à 150 véhicules dont 30 à 40 la nuit. Pour limiter le personnel de nuit, tous les silos ne sont pas déchargés en même temps. " Nous simplifions également le travail avec un seul produit à transférer. " Seule une quinzaine de salariés est alors nécessaire. Sur cette période, 15 % du transport des grains est réalisé la nuit. " Grâce à un taux de rotation supérieur de 30 % à celui de la journée, nous avons pu augmenter la productivité globale tout en diminuant les files d'attente de camions et d'adhérents le jour, constate Olivier Bacon. Les salariés, sceptiques au départ, apprécient finalement d'avoir un silo vide le matin avant l'arrivée des adhérents. " Pour la coop ce système implique, cependant, de mobiliser du personnel qui n'a pas l'habitude de travailler la nuit et, d'autre part, un surcoût en termes de salaire et de transport. " Mais en temps de moisson, le service rendu aux adhérents prime parfois sur l'aspect économique. "
Au fil des ans, la capacité à transporter la nuit augmente. " Pour l'instant, nous avons au maximum quarante camions la nuit que nous trouvons encore sans trop de difficultés. Dix de plus serait l'idéal, mais là se pose le problème de disponibilité des transporteurs régionaux. " Peut-on tout transférer la nuit ? " Vraisemblablement pas, car certains silos reçoivent en une journée plus que leur capacité de stockage. De plus, des améliorations sont certainement encore possibles, au niveau de l'organisation journalière, avant d'envisager cette solution étant donné le surcoût. "
Chantal Urvoy
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