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VU À L'ÉTRANGER Ipesa met le silo en sac, un outil plus souple pour les Argentins

Le principal fabricant de silo-sacs d'Argentine peine à répondre à une demande croissante. Ce mode de stockage donne plus d'autonomie aux producteurs.

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En survolant la campagne argentine, on voit comme des allumettes blanches alignées en bordure de champs. Au sol, on découvre des sacs plastique de soixante mètres de long qui renferment la principale richesse du pays, du soja. Les silo-sacs font aujourd'hui partie intégrante du paysage argentin. On compare d'ailleurs cette technologie relativement simple aux OGM et au semis direct, deux autres innovations adoptées ici massivement, ces quinze dernières années, et qui ont boosté la production agricole. Ces silo-sacs ficelés par les producteurs eux-mêmes sur le lieu de la récolte contiennent aussi, bien sûr, du maïs et du sorgho en grains ou ensilés, du blé et même des fertilisants.

La moitié de la récolte argentine stockée en sac

Appelé silo-sac, silo-boudin ou encore silo-saucisse, ce mode de stockage s'est imposé à partir de la fin des années 1990 pour sa grande souplesse. Selon Carlos Lombardo, producteur à Bragado, " le silo-sac permet d'éviter les intermédiaires et facilite l'utilisation des marchés à terme ". D'après Pablo Seniow, directeur commercial du fabricant Ipesa, qui revendique 60 % de parts du marché argentin, il s'est vendu en Argentine pour la campagne 2010-2011, environ 400 000 silosacs. " Cela correspond à une capacité de stockage totale de 45 Mt, soit la moitié de la récolte de grains. " L'autre moitié se retrouve dans les silos classiques. Conséquence d'une caractéristique du marché local, où le soja représente la moitié des volumes récoltés, la demande de sacs est concentrée sur une courte période. Les fabricants ne parviennent pas à répondre à la demande pour des raisons logistiques. " Cela renchérit le produit ", dit Pablo Seniow en connaisseur. En Argentine,quatre fabricants sont sur le créneau : Ipesa, Plastar, Agrim Plex et thyssen. La majorité des silo-sacs mesurent 60 m de long, les autres 70 m. Plus rarement, 100 m et jusqu'à 150 m. Le diamètre est le même : 2,75 m.

Dépendre moins de la disponibilité des camions

Le silo-sac accompagne physiquement la production agricole dans son expansion vers le nord et l'ouest du pays. Dans les contrées loin des ports, où les chemins sont en terre, les sacs permettent de conserver les grains sur place, en attente du camion qui les chargera. Dans un pays qui a perdu l'essentiel de son réseau de chemins de fer, le fret par camion est incontournable. Or, la flotte de camions ne suffit pas pendant la moisson. Si le fret s'effectue par train, il faut toujours transporter les grains du champ au train. Le silo-sac permet donc au producteur de ne pas trop dépendre de la disponibilité de camions. L'aspect commercial est tout aussi important. Les producteurs utilisant le marché à terme sont en mesure d'attendre le moment propice à la vente. " Les stockeurs traditionnels ont d'abord vu l'arrivée du silo-sac comme une menace, car elle donne plus d'autonomie au producteur, raconte Pablo Seniow. Mais ils ont vite adopté cet outil (lire encadré). Ils voient leur futur dans le silo-sac qui est une option plus souple que les structures solides ", affirme-t-il. Il remarque que la forte augmentation du prix du soja en un an a rendu particulièrement opportun le temps de stockage. Le coût de celui-ci avec un silo-sac est d'environ 3,50 € par tonne de soja, dont la moitié pour le seul prix du sac.

Marc-Henry André

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