InVivo en dit plus sur ses espoirs en cannabis
Lors d’une conférence dédiée au chanvre et organisée au Sia par le Gnis, InVivo Food & Tech a présenté ses ambitions en matière de cannabis thérapeutique.
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Alors qu’il est interdit de cultiver du cannabis en France, InVivo Food & Tech a déposé une demande d’autorisation à l’Agence du médicament (ANSM) il y a trois semaines, afin de bénéficier d’une exception à titre expérimental. « À partir du moment où nous aurons l’autorisation, il nous faudra trois récoltes, soit 18 mois, pour nous assurer de la standardisation de la production », expose son DG, Yves Christol.
Sept hectares de cannabis
Pour soigner les 300 000 patients français qui auraient besoin de cannabis thérapeutique (sur la base de cinq cibles thérapeutiques), comme il est prévu dans l’expérimentation médicale qui démarrera au second semestre 2020, il faudrait, à raison de 1 g/jour, 110 t de fleurs séchées par an, soit 7 ha de cannabis par an, chiffre le laboratoire d’innovation, filiale d’InVivo.
Ce projet de culture « indoor » aurait lieu « en climat contrôlé, en environnement totalement confiné », dans un bâtiment d’InVivo sur son site de Sophia-Antipolis (Alpes-Maritimes). InVivo est prêt à investir 10 millions d’euros sur un pilote et compte développer une variété spécifique pour chaque pathologie ouverte à la prescription.
Des variétés d’ici 4 à 5 ans
Si l’expérimentation va faire appel à des produits d’importation, InVivo Food & Tech compte prendre le relais dans deux ans. « Il n’y a pas de raison que les 300 000 patients soient traités avec des molécules étrangères », appuie Nathalie Fichaux, directrice d’Interchanvre. C’est pourquoi Interchanvre espère bien pouvoir expérimenter une nouvelle filière thérapeutique en même temps que l’expérimentation sur le patient.
L’objectif est de développer, de la génétique aux molécules produites, une filière 100 % française, bien dissociée du chanvre à usage industriel, en s’appuyant sur la coopérative angevine Hemp it, spécialisée dans la production et la commercialisation de semences de chanvre.
Cette coopérative, qui regroupe 154 multiplicateurs de semences de chanvre produisant 1 400 t de semences par an sur 1 750 ha dans le Maine-et-Loire, pourrait développer des variétés de cannabis thérapeutique « d’ici 4 à 5 ans », selon son président, Jacques Martin.
Un consortium public-privé
« C’est Olivier Véran qui est à l’origine de la mise en place de cette expérimentation, rappelle Nathalie Fichaux. Comme il est aujourd’hui ministre de la Santé, on ne désespère pas qu’il s’implique sur le sujet agricole. »
L’ensemble de la filière souhaite une souveraineté française de la R&D, sécurisant les approvisionnements à des coûts acceptables pour les patients. InVivo partirait, une fois la décision post-expérimentation rendue, sur un portefeuille d’une dizaine de variétés (microproductions) et, à long terme, une centaine. Pour être « le plus gros portfolio de cibles thérapeutiques dans le monde ».
Se positionnant au-delà des projets de territoire comme celui de la Creuse, InVivo se dit le seul en lice pour mettre en place un consortium public-privé de cette envergure qui pourrait regrouper une quinzaine de structures en médecine, pharmacie, R&D agronomique, équipements high-tech (biocontrôle, climat contrôlé…).
Renaud FourreauxPour accéder à l'ensembles nos offres :