Soufflet prend la vente, « mais peut encore changer d’avis »
Le groupe Soufflet fait de la montée en gamme de ses filières sa priorité numéro 1 en 2020. Si le conseil aux agriculteurs est justement nécessaire dans ce cadre, Jean-Michel Soufflet fait pour le moment le choix de la vente.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Vendredi 10 janvier à Paris, Jean-Michel Soufflet, président du directoire de Soufflet, accompagné de l’ensemble du directoire, présentait le bilan du groupe pour le dernier exercice 2018-2019.
Le chiffre d’affaires du groupe s’est élevé à 4,866 Mds€, dont 39 % en France, en hausse de 9 % par rapport à l’exercice précédent. « Cela s’explique par l’augmentation en volume de la plupart de nos activités, mais aussi la hausse des prix de l’orge et du blé », commente Marie-Ange Mathieu, directrice administrative et financière du groupe. La collecte totale du groupe a été de près de 5,7 Mt, avec 4 Mt en France et 1,6 Mt en Europe centrale et de l’Est.
23 000 t de céréales bio en 2023
Si l’augmentation des volumes des différentes activités a longtemps été recherchée, « aujourd’hui la montée en gamme de nos principales filières est indispensable pour répondre aux demandes des marchés », explique Jean-Michel Soufflet. Le développement des filières bio dans cinq des activités est notamment l’une des priorités du groupe.
La collecte de céréales bio en 2019 s’est élevée à 18 500 t, l’objectif étant d’atteindre 23 000 t pour la récolte 2023. Le moulin de Lozanne (Rhône), le premier moulin 100 % bio du groupe d’une capacité de 24 000 t, a d’ailleurs été rouvert en avril 2019 après transformation et rénovation. La production de farine bio du groupe est de 3 500 t en 2019-2020, pour un objectif de 9 000 t en 2022-2023.
Un nouveau moulin pour les filières tracées
La priorité est également mise sur le développement de farines issues de filière tracées (label rouge, filière transparence, filière responsable, CRC et autres). Aujourd’hui, les farines tracées représentent 42 % pour la meunerie, l’objectif étant d’atteindre 70 % en 2023.
Pour cela, un nouveau moulin dédié aux farines spécifiques et de haute qualité va être construit à Corbeil-Essonnes (Essonne). D’une capacité de 200 000 t de farine par an, sa mise en service est prévue début 2021.
« On se positionne toujours en tant que fournisseur »
Cette montée en gamme et le développement des filières posent inévitablement la question du conseil dans un contexte de séparation du conseil et de la vente pour les produits phytosanitaires prévue au 1er janvier 2021.
« Mais comment faire monter en gamme nos agriculteurs si on ne peut pas les conseiller ? questionne Jean-Michel Soufflet. On se positionne toujours en tant que fournisseur, que ce soit en semences, fertilisation, mais aussi en produits phytosanitaires. » Mais le groupe revendique également son rôle de conseil. « Il y a aussi les produits de biocontrôle qui se développent, notre rôle c’est de diffuser, vulgariser tous ces nouveaux produits, mais aussi les nouvelles technologies pour aider nos clients agriculteurs. On est là pour accompagner nos agriculteurs dans ce nouveau contexte dans lequel ils sont, comme nous, complètement paumés », ajoute-t-il.
« Comment voulez-vous aujourd’hui qu’une entreprise détermine une stratégie si on a zéro visibilité sur la réglementation ? On ne sait pas à quelle sauce on va être mangés. Entre le conseil et la vente, personne ne s’est encore complètement fait une religion à ce jour, ou alors très peu. Aujourd’hui, je dirais plutôt vers la vente, mais je peux encore changer d’avis », conclut Jean-Michel Soufflet.
Lucie PetitPour accéder à l'ensembles nos offres :