Tereos mise sur l’usine 4.0
Pour rendre ses sucreries françaises plus compétitives, Tereos va tester le concept d’usine connectée à Connantre (Marne), après le succès de l’expérience brésilienne.
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En 2019, le site de Tereos à Cruz Alta au Brésil, qui produit du sucre et de l’éthanol, est devenu la première usine entièrement connectée du groupe. Cette transformation vers l’usine 4.0 a démarré en 2005 par la saisie des données de collecte et de transport de canne du champ à l’usine et la création de la première tour de contrôle. En 2010, suivent les données concernant l’itinéraire technique de canne. En 2017, l’ensemble des opérations agricoles et industrielles ainsi que la logistique sont intégrés à la tour de contrôle, d’où tout est dorénavant piloté grâce au traitement en temps réel de 20 000 données agro-industrielles.
Du champ à l’aval
« Cela a permis de réduire les intrants (phytos, engrais), de mieux gérer l’eau, et donc de produire une canne à sucre plus durable », précise Alexis Duval, président du directoire de Tereos. Du côté de la logistique agricole, la disponibilité des équipements a été optimisée, de même que les trajets et les chargements. Au sein même de l’usine, les consommations, notamment en énergie, ont été réduites et la productivité de l’usine a augmenté (+ 10 % de capacité de production d’éthanol). Une maintenance préventive a pu être instaurée, du champ au produit fini, pour limiter les pannes en pleine campagne. La logistique aval commence tout juste à être intégrée dans l’usine 4.0 : l’objectif est d’optimiser les flux et les stockages ainsi que la planification et les prévisions de vente. 10 M€ ont été investis pour cette usine 4.0 dans des capteurs « intelligents », des drones pour inspecter l’usine et ses équipements, des tablettes, l’automatisation et le pilotage avancé des processus… pour des gains annuels estimés à 5 M€. Ce concept va maintenant être testé sur la sucrerie de Connantre (Marne) en 2020.
Un management différent
La sucrerie est déjà dotée de 750 capteurs. L’objectif est d’en installer beaucoup plus et à tous les niveaux. « Nos usines sont anciennes, mais elles peuvent devenir modernes avec peu d’investissement. » Les enjeux sont significatifs : améliorer la sécurité au travail, la qualité et la traçabilité, renforcer la fiabilité et la régularité de la production, gagner en compétitivité en ayant une connaissance fine des taux d’utilisation des équipements, des consommations (eau, énergie…) et rendre le modèle encore plus agile et flexible, notamment en cas de problème. « Ces enjeux sont là pour répondre aux exigences de plus en plus grandes de nos clients importants comme Coca-Cola, alors que nous sommes maintenant très concurrencés sur le marché mondial depuis la fin des quotas. »
Tereos va aussi développer de nouvelles compétences en interne (data scientist…) pour traduire l’analyse des données en optimisation des process. La tour de contrôle ou cockpit est déjà opérationnelle. Cette salle de réunion en plein cœur de l’usine affiche tous les paramètres : agricoles, qualité, sécurité, performance logistique… Une réunion de quelques minutes a lieu tous les matins, debout, avec les chefs d’équipe. « Cela donne beaucoup de sens à l’action de nos salariés car ils peuvent ainsi voir l’incidence de leur travail. C’est une approche managériale différente. » Des cockpits déportés sont prévus au niveau de différents points de l’usine (expédition, coupe-racines, atelier de maintenance, partie agricole).
30 M€ de gain
Dans le cadre du plan Ambitions 2022 de Tereos, tour de contrôle et cockpits déportés seront aussi installés dans toutes les usines comme support au management de la performance. Le modèle de gestion du pilotage de la logistique utilisé au Brésil a déjà été déployé pour les sucreries françaises cet automne. L’enjeu est important : 44 Mkm sont parcourus par an pour un coût de 100 M€. Le potentiel d’amélioration est estimé à 5 %. L’usine du futur devrait rapporter en France 30 M€ de gains récurrents, soit l’équivalent de 1,50 €/t de betterave.
Chantal Urvoy
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