Pour bien conserver la maigre collecte de cette année Assurer une bonne ventilation des grains
Les faibles quantités et qualités de cette collecte vont dégrader la performance de conservation à la tonne. Ce peut être justement l'occasion de revoir les bonnes pratiques et d'étudier les pistes de progrès en matière de nettoyage et de ventilation des grains.
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« La ventilation de refroidissement à l'air ambiant, c'est pas forcément sorcier, mais il n'est pas rare d'observer un mauvais dimensionnement de ces matériels et un manque de formation du personnel, expose Maud Mathie, gérante de TechniGrain. Et si ce n'est qu'une étape dans la préservation de la qualité technologique des grains, c'est l'un des moyens les plus efficaces. » Elle permet en effet de refroidir le grain afin de le mettre en vie ralentie et limiter la perte de poids et de qualité technologique, « freinte physiologique », ainsi que de ralentir préventivement le développement des insectes. Dans ce cadre, il est nécessaire de respecter les paliers successifs. En général, le premier palier ramène la température à 20-25° C. En automne, deux autres paliers permettent d'abaisser la température à 15, puis 10° C environ. « Après chaque palier, il ne faut pas oublier de fermer les trappes de ventilation afin d'éviter les phénomènes de tirage », alerte le guide de conception des silos de Coop de France. « Plus le grain est propre, mieux il se conserve et meilleure est sa qualité sanitaire, rappelle Maud Mathie. Sachant que lorsqu'on nettoie, on fait une freinte supplémentaire et on bride le débit de la manutention. Mais si on ne le fait pas, l'air va être moins bien distribué et la ventilation moins efficace. » D'où la nécessité d'orienter en amont, et encore plus cette année, les grains vers des épurateurs, émotteurs et autres nettoyeurs séparateurs, qui permettent de réduire les impuretés et donc de limiter les insectes et les départs de feu. Jérémie Descours, consultant énergies chez Services Coop de France, recommande de « se rapprocher des normes sur les taux d'impuretés, ni plus ni moins. Eviter la surqualité est un vrai levier de réduction des coûts ». Bien régler les machines en fonction du travail à effectuer pour ne pas perdre trop de matière d'une part et pour s'approcher de l'optimum énergétique d'autre part ne s'improvise pas. « Il est indispensable de veiller au bon état des grilles (usure et colmatage des trous) et à la propreté des surfaces filtrantes », pointe de son côté le Guide silo de l'interprofession.
Tester les variateurs de vitesse
En matière de ventilation, des pistes de progrès existent puisque selon l'Observatoire de l'énergie de Coop de France, la durée de ventilation inutile est de 76 % de la durée totale de ventilation ! Dans une optique d'optimisation, Services Coop de France préconise l'installation de variateurs de vitesse sur les ventilateurs. Ce qu'a d'ailleurs fait Terre d'Alliances dans son silo de Villefranche-sur-Saône (Rhône). « Cela consiste à réajuster automatiquement le débit d'air injecté dans la galerie en fonction de la pression qui règne dans la galerie pendant une demi-heure au démarrage du ventilateur », détaille Martial Mango, adjoint au responsable technique. Résultat : des économies d'énergie et une meilleure qualité de ventilation. « On stabilise plus vite le grain en réduisant le temps d'atteinte des paliers. » « Certains sites sont déjà dotés de variateurs de vitesse sur les ventilateurs mais ceux-ci ne sont pas forcément paramétrés, regrette Jérémie Descours. L'efficacité énergétique du process est donc non optimale. Nous proposons cette prestation de paramétrage et mise en oeuvre à nos clients. » Cela reste néanmoins plus facile et moins coûteux à mettre en place dans un nouveau silo.
La ventilation réfrigérée, à réfléchir
Si la ventilation classique à l'air ambiant peut paraître moins coûteuse à première vue, il faut penser qu'elle nécessite environ trois mois de fonctionnement contre une vingtaine de jours pour une ventilation réfrigérée (ordre de grandeur). Un calcul de Services Coop de France sur 12 000 t d'orge a chiffré des économies annuelles voisines de 13 000 € pour cette dernière (10 000 € sur les insecticides de stockage et 3 000 € sur l'électricité). A mettre en parallèle de l'acquisition d'un groupe frigorifique, plus onéreuse. « Le temps de retour sur investissement peut être de l'ordre de cinq ans pour un site mais fortement réduit si le groupe froid est mobile et donc utilisé sur plusieurs sites », indique Jérémie Descours. Services Coop de France est d'ailleurs toujours en recherche d'une coopérative partenaire pour tester, dans le cadre du projet Osiris, un séchoir qui d'une part sèche le grain et d'autre part le refroidit.
Renaud Fourreaux
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