Pour faire face à la transformation digitale en cours Se connecter aux start-up
S'intéresser aux jeunes entreprises innovantes fait partie des stratégies pour réussir sa transformation digitale. Les projets se multiplient dans le secteur agricole, notamment coopératif, pour capter la valeur ajoutée de demain sur le territoire.
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Equipement en masse de smartphones géolocalisés et connectés à internet, nouvelles technologies de traitement de masse des données au travers du Big Data, participation directe et démultipliée des internautes à la création des contenus d'internet et à leur notation... Depuis 2005, environ avec l'émergence des techniques informatiques d'analyse des données dites « non structurées », l'économie mondiale est en train de vivre une véritable révolution digitale. « Le premier iPhone ne date que de 2007. Nous n'en sommes qu'au tout début de la transformation. Dans l'agriculture, nous n'avons même pas encore vu le début du début de ce qu'il y a à construire dans le secteur digital », constate Eric Lesage, directeur innovation, recherche et développement d'Agrial. Avec ces nouvelles technologies, de nouveaux gains sont rendus possibles dont se saisissent de nouveaux acteurs du marché.
Des « disrupteurs » font parfois vaciller des secteurs entiers de l'économie en place, à l'image d'Uber dans le transport des personnes. Et l'agriculture n'est pas à l'abri.
Ne pas se laisser déborder par l'usage
Le site Agriconomie se pose par exemple en disrupteur de l'approvisionnement en proposant aux agriculteurs de se fournir directement auprès d'eux sans passer par leur organisme stockeur. Dans ce nouveau contexte, de grands groupes y compris multinationaux ont montré leur impuissance à réussir leur transformation digitale. « Les entreprises en place ne sont cependant pas condamnées à échouer. (...) Mais ne pas reconnaître que les nouveaux usages arrivent, c'est se laisser déborder par l'usage », prévient Gilles Babinet, expert français en économie digitale auprès de la Commission européenne.
Certaines entreprises favorisent l'entreprenariat interne (l'intra-entreprenariat). Il existe des outils d'organisation d'entreprise développés atour de ces questions et dont les salariés peuvent s'emparer pour « intra-prendre ». Mais l'entreprise doit comprendre que toute l'innovation qui sera utile à son secteur d'activité ne viendra pas que d'elle-même, quand bien même celle-ci est dotée du meilleur service de recherche et de développement possible. « Nous devons être en veille partout, dans tous les secteurs, pour porter l'innovation capable de capter la valeur ajoutée de demain sur le territoire », insiste dans ce sens Jean-Luc Duval, vice président d'Agrial en charge de l'innovation.
Développer des solutions prometteuses
C'est dans cet état d'esprit que les groupes s'intéressent aux start-up qui développent des solutions prometteuses en s'appuyant sur les gains potentiels de la transformation digitale en cours. Les initiatives ne manquent pas : création du campus les « Champs du possible » en Eure-et-Loir avec l'aménagement des anciens locaux d'Axéréal. La mise sur pied chaque année du concours « La start-up est dans le pré ». Le déploiement des Digifermes d'Arvalis destinées à servir d'appui aux besoins d'expérimentation des start-up. Le développement du capital-risque spécialisé CapAgro Innovation avec le groupe Avril et Tereos. L'incubateur de start-up à la Scara. La dotation de 5 M€ de Neovia (ex-InVivo NSA) à son incubateur We'nov. L'engagement d'Acolyance avec la start-up costockage et mise en service par Agrial du dispositif d'accompagnement Agri'up... Par différents moyens, les projets font florès depuis 2015 de la part des organisations agricoles pour accompagner les jeunes pousses prometteuses. L'enjeu est de taille pour les entreprises conscientes de la transformation digitale qui plane au-dessus de leurs métiers.
La fuite d'un projet toujours possible
L'appui aux start-up ne garantit cependant pas un retour direct ou exclusif sur ce que produira la jeune entreprise et la fuite d'un projet à succès est toujours possible. Pour séduire et fidéliser les start-up repérées, les grands groupes installés peuvent s'appuyer sur l'attrait que représente la force de leur marché en place.
Ce levier manque cruellement aux jeunes entreprises qui ont besoin d'accéder à une taille critique de marché pour rentabiliser leurs investissements. « En agriculture, le marché est éclaté sur une vaste zone géographique ce qui rend la partie commerciale très compliquée », confirme Gaëtan Séverac, cofondateur de Naïo technologie, qui développe des robots pour l'entretien des cultures, et qui a récemment levé 5 M€. « Nous avons le temps de mourir dix fois si l'on reste dans le cercle économique conventionnel. Les initiatives en faveur des start-up sont pour nous des bulles d'oxygène qui nous permettent de nous développer. »
Alexis Dufumier
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