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Les débutants des métiers du silo doivent intégrer les règles de bases Inculquer le b.a.-ba du personnel de silo

Combattre les idées fausses, professionnaliser ses équipes et les motiver à rester dans l'entreprise, tels sont les enjeux pour former les agents et chefs de silos débutants au stockage et à la conservation des grains.

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«Il n'y a pas d'école pour être professionnel du stockage. » Cette assertion d'un chef de silo justifie en elle-même la nécessité de former cette catégorie de personnel, dont la majorité a appris sur le tas, au fil des ans. Si l'enseignement se transmet entre collègues dans une profession à forte culture orale, les fondamentaux ne sont pas forcément toujours bien divulgués. « Les entreprises peuvent donner le premier apprentissage, rapporte Renaud Laporte, chez Services Coop de France. Mais il arrive que des mauvaises idées soient transmises. » De la même façon, il y a aussi « les choses que l'on ne pense pas forcément à dire entre deux remorques, car elles sont considérées comme évidentes », selon Joël Leplâtre, dirigeant du négoce éponyme du Loiret. Ce qui peut générer un sentiment de mal-être dans la profession et expliquer, pour partie, le manque de fidélité à un métier finalement à responsabilité.

« La ventilation, c'est un vrai métier, expose Régis Coudure, ingénieur chez Arvalis et formateur. On confie le stock au chef de silo pendant plusieurs mois. C'est, lui, le stock-argent, pas le banquier. » D'où l'importance de savoir préserver la qualité, de maîtriser le stockage et la conservation des grains et d'optimiser le séchage.

Formaliser par la théorie une expérience empirique

L'enjeu principal pour l'entreprise est donc de renforcer la qualification de son personnel et d'enrichir ses compétences sur ce point. Mais la conduite de l'agréage à réception ou expédition, la sensibilisation à la sécurité et la réalisation des opérations de maintenance sont tout aussi essentielles. Former les débutants à la bonne conduite du silo leur permet de se responsabiliser et d'acquérir les gestes de base, pour les confirmés, d'arriver à comprendre le lien entre la technique et le résultat et de combattre les idées fausses véhiculées de silo en silo. Il est important de privilégier les formations qui laissent une place à la pratique, toujours appréciée : calcul du temps de ventilation, manipulation des grains, reconnaissance des défauts de qualité, visite de silos... « S'agissant de la maintenance, c'est compliqué car chaque silo est différent, expose Philippe Garrot, depuis un an chef du silo de Sainte-Maure-en-Touraine (Indre-et-Loire) à la Sobra. Concernant l'habilitation électrique, il s'agit surtout d'être sensibilisé à ce qu'on n'a pas le droit de faire. » Sans oublier que le personnel de silo doit en général pour son quotidien détenir le Certiphyto et encore plus le Cases (Certificat d'aptitude à la conduite d'engins en sécurité). Si Coop de France avait déjà développé pour l'agent de silo tout un cycle de formations qualifiantes, Asfona, l'organisme de formation du négoce, vient de lancer un dispositif complet, à choisir à la carte, entre 70 et 175 heures. L'objectif est selon son directeur, Jean-Guy Vallette, de donner à quelqu'un qui démarre tous les prérequis pour exercer dans le métier. La cible principale donc : les jeunes, même s'ils ont pu être au départ magasiniers ou saisonniers. « Je me sens beaucoup plus à l'aise pour aborder la collecte cette année, même si ce sont les années qui vont faire que je vais m'améliorer », témoigne Philippe Garrot, qui a suivi ce cycle. « Avant, quand j'avais des soucis, j'appelais des collègues ou le patron, maintenant, c'est moi qui peut transmettre mes connaissances », relate Charles Seigneur, des Ets Bordage, qui feuillette régulièrement les documents délivrés lors de la formation.

Fidéliser le salarié dans l'entreprise

Mais il s'agit aussi pour l'entreprise de limiter les difficultés de recrutement rencontrées, et faire face au turn-over très élevé dans la profession, notamment dans les régions proches des villes. Une formation professionnalisante longue permet de montrer au salarié qu'il est considéré. « Pour moi qui ait commencé comme saisonnier, tout en bas de l'échelle, ce parcours m'a donné des clés aussi bien pour le métier en tant que tel, que pour la gestion des relations avec les clients et les collègues, ça m'a donné confiance », assure Charles Seigneur, motivé pour rester dans son entreprise. Même si cela ne marche pas à tous les coups. « En tout cas, cela permet au salarié d'évoluer par lui-même et lui donne une ouverture sur l'extérieur », confie Jean-Luc Bellanné, président de la Sobra. A savoir que FranceAgriMer peut financer une partie de certaines de ces formations, comme la ventilation.

Renaud Fourreaux

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