VU À L'ÉTRANGER Agriland cultive la gestion pour tiers des exploitations
En Belgique, persuadée d'un changement de modèle agricole, la société Agriland développe la gestion pour compte de tiers depuis trente ans.
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En 1985, trois amis belges décident de créer une société de services. Leur objectif : assurer la rentabilité et la pérennité des domaines agricoles, tout en rendant les propriétaires plus acteurs dans les décisions de production de leurs biens. Avec en plus, la ferme intention de développer une responsabilité sociétale et environnementale qu'ils estiment atténuée par la volonté des exploitants de produire le plus possible. Il ne s'agissait pas d'opposer ces deux mondes, mais de raisonner en harmonie les objectifs de chacun. Le champ d'action de cette société concernait tous les biens fonciers, de la forêt aux domaines agricoles, mais aussi la chasse. Dans ce pays où la propriété est encore fortement familiale par héritage ou placement, le succès est rapide, surtout que le concept amène à fédérer autour d'un gestionnaire, Agriland, des surfaces, petites et grandes.
7 agronomes pour 10 000 ha
En 2008, les trois créateurs embauchent Martin de Cock de Rameyen qui arrive de la société de services, Elis. Comme en France, la Belgique connaît une baisse du nombre d'exploitants et un agrandissement de ses exploitations qui restent cependant modestes, 35 ha en moyenne. « Il fallait donner un nouvel élan, une vision au modèle plus efficiente économiquement, apportant plus d'innovation et répondant aux demandes sociétales, précise Martin de Cock de Rameyen. Nous avons constaté que de nombreux agriculteurs quittaient le métier car leur surface était trop petite. Par contre, pour de multiples raisons, ils souhaitaient garder la propriété de leurs terres. » Le modèle Agriland a ainsi évolué. La forêt a été abandonnée pour se concentrer sur l'agriculture. L'optimisation de la gestion agricole est devenue prioritaire grâce à l'assolement et la rotation, au suivi technique des cultures sur le terrain, aux conditions avantageuses pour l'achat d'intrants et la vente, au respect des normes environnementales, à la gestion administrative, et enfin au contrôle continu des factures. Sept agronomes reconnus ont été recrutés et quatre personnes sont en back-office administratifs. Ils gèrent aujourd'hui 10 000 ha dans le royaume.
Mutualisation complète ou gestion dédiée
Pour faciliter l'exploitation des petites fermes, Agriland a pris en Belgique le statut d'agriculteur. Le panel de petites fermes est regroupé dans « la ferme Agriland », tandis que les plus importantes ont gardé leur statut d'origine. Dans le premier cas, l'entreprise gère l'ensemble de la vie des exploitations en mutualisation complète, dans le second, l'exploitant le fait en nom propre, mais sous la gestion de son agronome dédié. Le modèle repose sur un triangle dynamique : exploitant (propriétaire ou locataire), gestionnaire, fournisseurs. Le fait que ce soit une société neutre qui effectue les achats et les ventes permet d'éviter tout conflit d'intérêt. L'exploitant demande à Agriland de valoriser au mieux ses terres dans le cadre d'une philosophie définie. Le gestionnaire, collaborateur d'Agriland, propose un contrat personnalisé qui va du partage de la marge jusqu'à une rémunération fixe où l'entreprise prend les risques d'exploitation. Libre à lui de choisir ses fournisseurs d'intrants et de matériel.
Une baisse de 33 % des charges de structure
Le développement d'Agriland, constant depuis une décennie, prouve la satisfaction de ses clients. L'impact sur les charges de structure est important. L'entreprise estime qu'elle les fait baisser de 33 %, passant de 670 à 460 €/ha pour un blé par exemple, si les travaux des champs sont assumés par une ETA. De même, l'achat des intrants est optimisé. Elle estime que les charges opérationnelles peuvent baisser de 16 %, passant de 530 à 450 €/ha.
Des opportunités en Europe de l'Ouest
Damien de Riberolles, agronome, insiste : « Nous ne sommes pas des acheteurs de prix car nous considérons que ce n'est pas dans un appel d'offres que l'on gagne de l'argent, mais bien par une bonne gestion des produits et par leur utilisation aux bons moments et à la bonne dose. Il ne s'agit pas de prendre en otage les distributeurs mais bien d'en faire des partenaires car nous avons besoin l'un de l'autre. » Martin de Cock de Rameyen est persuadé que la gestion pour tiers va se développer partout en Europe de l'Ouest. « Le modèle a fait ses preuves en Belgique, nous pensons pouvoir le développer dans d'autres pays. Nous avons des contacts fermes en Allemagne et au Danemark où de nombreux exploitants ou exploitants-propriétaires sont doubles actifs et souhaitent s'investir plus dans leur activité salariée. La mauvaise récolte en France et en Allemagne pourrait être aussi source d'opportunité pour des agriculteurs au bout du rouleau voulant garder le bien familial mais contraint de s'en séparer en partie. De nombreux éleveurs cherchent aussi à se spécialiser et nous délègue la gestion de leurs terres. »
Les études de marché réalisés par Agriland en Europe de l'Est sont peu convaincantes par contre certains pays d'Amérique du Sud répondent bien aux critères nécessaires à la réussite.
Christophe Dequidt
Agriland n'est pas « un acheteur de prix », il s'agit pour la société de faire des ETA et des distributeurs des partenaires avant tout.
C. DEQUIDT
Dans la charte Agriland, l'agro-environnement est une valeur de base. Elle prévoit des bandes de conservation de parcelle aménagées pour préserver la flore et la faune.
C. DEQUIDT
C. DEQUIDT
C. DEQUIDT
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