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Analyser la sève brute pour piloter la fertilisation

« Je réalise une préconisation personnalisée en fonction des paramètres climatiques et hydriques et du stade de développement de la culture », précise Philippe Michonneau, responsable du service agronomique.C. URVOY - SCARA - GALYS

La Scara préconise les apports d'azote et d'oligoéléments pour les céréales grâce à l'analyse de la sève brute.

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« La sève brute véhicule vers les feuilles et les organes en croissance l'ensemble des nutriments puisés par les racines dans le sol, explique Philippe Michonneau, responsable du service agronomique de la Scara. J'ai voulu voir si, comme en horticulture, l'analyse de cette sève pouvait être un bon indicateur de l'état physiologique des céréales. »

1. DEUX TYPES DE DIAGNOSTICS

Après deux années d'essais, la Scara a proposé en 2016 deux types de diagnostics : une analyse complète (nitrates, ammonium, phosphore, potassium, magnésium, soufre, zinc, cuivre, manganèse et fer) et un diagnostic azote (nitrates et ammonium). « Les nitrates et l'ammonium permettent de comprendre comment la plante fonctionne par rapport aux apports d'azote. Avec le potassium et le phosphore, on visualise sa capacité à absorber les éléments du sol. Quant aux oligoéléments, ils catalysent de nombreuses réactions enzymatiques, notamment celles qui interviennent dans la transformation de l'azote en protéines pour le cuivre, le manganèse et le fer. » L'agriculteur prélève le lundi matin une centaine de pieds de céréales (racines et tiges) sur 2 m linéaires dans une zone représentative de la parcelle choisie. « Le stade idéal est un noeud pour l'escourgeon et le blé tendre d'hiver, et épi 1 cm pour l'orge de printemps. »

2. ALGORITHMES POUR CALCULER LA DOSE

L'échantillon, déposé au silo, est expédié le jour même par la coop avec une fiche de renseignements au laboratoire Galys, de Blois. Il extrait la sève brute et l'analyse, puis renvoie les résultats le vendredi. « Je réalise alors une interprétation personnalisée en fonction des paramètres climatiques et hydriques enregistrés et du stade de développement de la culture. Pour chaque catégorie de blé (panifiable, biscuitier, améliorant), nous avons créé des algorithmes pour obtenir la quantité d'azote à apporter au stade deux noeuds (3e apport) pour atteindre 11,5 % de protéines minimum en blé panifiable, 10,5 % en blé biscuitier et 14 % en blé améliorant. En orge de printemps, nous visons un taux entre 10,5 et 11,5 % avec un apport à montaison. Un apport foliaire en fer, manganèse ou cuivre peut être conseillé. Le fer et le manganèse étant antagonistes, s'il y a besoin des deux, le fer sera apporté tôt (avant épi 1 cm) et le magnésium au stade dernière feuille. Le pilotage du fer permet de gagner 0,3 à 0,4 point de protéines. »

3. UN CONSEIL SUR LA FORME D'AZOTE

L'analyse de sève n'étant pas un outil reconnu officiellement pour déplafonner les doses d'azote, la Scara utilise aussi d'autres techniques reconnues (Cérélia, N-sensor, images par drone et satellite). « Mais l'analyse de sève nous apporte des informations supplémentaires. En plus des oligoéléments, elle nous guide sur la forme d'azote à utiliser selon les capacités d'absorption des plantes. Si une déficience en azote est révélée, je conseillerai l'ammonitrate, afin d'apporter de l'azote rapidement assimilable. En revanche, si l'analyse montre un équilibre entre nitrates et ammonium, la solution azotée, habituellement utilisée dans la région, conviendra tout à fait. »

Chantal Urvoy

La technique a été testée en microparcelles en 2014 et 2015 avant d'être utilisée sur 850 ha de blé et d'orge de printemps en 2016.

C. URVOY - SCARA - GALYS

L'analyse de la sève brute est effectuée par le laboratoire Galys, à Tours.

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