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Produttori Arborea optimise l'autonomie insulaire

Marco Peterle, directeur de la coopérative, devant le nouvel outil de cuisson vapeur de l'unité Unifeed.

En Sardaigne, la coopérative Produttori Arborea continue à développer sa polyvalence pour atteindre l'autonomie insulaire au niveau des productions agricoles.

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Sur l'île méditerranéenne de la Sardaigne, les productions agricoles traditionnelles sont limitées et peu intensives : lait ovin, blé dur, vigne, orange, maraîchage. Au milieu du XXe siècle, sont arrivés du nord de l'Italie des paysans pour s'installer sur 7 000 ha de terres incultes et marécageuses qui leur étaient attribuées. Dans le canton d'Arborea, ils ont asséché le marais et se sont serré les coudes pour démarrer l'élevage laitier intensif et coopératif (Latte Arborea), qui pointe aujourd'hui à 8 800 l/vache frisonne/an. Mais revers de la médaille, les éleveurs avaient sur les bras des veaux et du lisier. Et aucun marchand de bestiaux du continent ne venait les en débarrasser, le coût et le temps du trajet en bateau étant rédhibitoire.

Économies d'échelle avec l'activité engraissement

Qu'à cela ne tienne, ils ont monté la coopérative Produttori Arborea, un peu pour l'agrofourniture qui reste le coeur de métier, mais aussi, dès 1982, pour créer un centre d'engraissement des veaux. D'une pierre deux coups, ils écoulent sur le marché insulaire un sous-produit et préservent la valeur ajoutée pour leurs associés. « Et puis, pour rentabiliser un chargement de céréales françaises, il faut voyager à plein. En nourrissant les veaux, en plus des vaches, on fait des économies d'échelle. Autrement dit, plus on nourrira d'animaux, plus nos commandes seront rentables », explique le directeur, Marco Peterle.

Aujourd'hui, le centre d'engraissement compte 2 200 places, où chaque année passent entre 15 000 et 20 000 veaux, abattus à 16 mois. « Cette activité d'engraissement était déficitaire les premières années et ne rapporte toujours pas d'argent, mais elle évite aux éleveurs d'en perdre et nous permet de les fidéliser », conclut-il. Ces cinq dernières années, la coop a obtenu l'adhésion de 25 éleveurs supplémentaires grâce à cette activité. « Pas forcément des éleveurs laitiers, plutôt des allaitants qui, entre mai et juillet, n'ont pas assez de fourrage pour les veaux et souhaitent s'en débarrasser », reconnaît Marco Peterle. Un autre centre d'engraissement est à l'étude au nord de l'île.

Pour aller plus loin dans la filière, la coop a repris, il y a dix ans, la gestion d'un petit abattoir communal moribond où travaillent quatre employés et douze bouchers.

Et surtout, afin de réduire les coûts d'aliments des éleveurs, elle multiplie les initiatives. Jusqu'en 2017, elle se contentait de stocker les céréales dans quatre silos de 30 000 t et le soja dans un silo à plat de 1 500 t, au port d'Oristano. Puis au siège, à 7 km de distance, elle les réduisait en farine. Chaque éleveur faisait son mélange à la ferme. Depuis l'an dernier, Produttori Arbora s'en charge et est fière de son unité Unifeed, qui approvisionne déjà un tiers des éleveurs avec ce nouvel aliment (lire encadré).

Du maraîchage en plus

Quant aux lisiers, la zone est bien sûr classée en zone sensible, donc la coopérative a mis en place en 2011 une unité biogaz collective d'un mégawatt, à disposition aussi des oléiculteurs de la zone. Les digestats sont livrés aux associés coopérateurs, pour être épandus sur les surfaces destinées au maïs. Depuis 2013, elle a installé des dizaines d'unités à la ferme d'un méga watt. « Pas question de réduire la production laitière ! » résume Marco.

Mais l'élevage laitier ne leur suffisait plus. Sur les terres initialement uniquement cultivées en maïs ensilage et fourrages, ils ont mis en place des cultures maraîchères, carottes (8 000 t), patates (7 000 t), salades (3 000 t), melons (3 500 t), pastèques plein champ (2 000 t) et fraises (1 200 t), afin d'optimiser les surfaces, le matériel agricole et les calendriers de culture.

Une palette de services

Parallèlement, une offre de services complémentaires s'est ajoutée : équarrissage, assistance dont le contrôle technique des pulvérisateurs, formation, centre de gestion, assurance des véhicules (200 tracteurs et 700 véhicules), assurance récolte et aussi de 35 000 têtes de bétail. Plus original, la coop a embauché un médecin du travail, car selon la législation italienne, les salariés des fermes, mais aussi les associés exploitants, doivent passer une visite médicale plusieurs fois par an.

Projets de développements

Produttori Arborea ne se contente pas aujourd'hui d'optimiser l'autonomie insulaire, elle a aussi des projets de développement agricole pour l'île. Marco Peterle réfléchit à fournir les éleveurs de porcs et de volailles. « Ces animaux mangent à peu près la même chose que les bovins, n'est-ce pas ? », déclare-t-il un sourire aux lèvres. Encore moins nombreux que leurs confrères éleveurs laitiers, leurs coûts de production sont très élevés. En effet, ils doivent importer sur l'île des céréales en petites quantités, voire des aliments composés au prix forts.

En outre, la coopérative a acheté en 2016 un terrain près du port. L'idée est de déplacer l'unité de fabrication d'aliments au port, pour gagner en transport et du temps ; du bateau direct à la ferme.

Nadia Savin

La coop s'est lancé dans les cultures maraîchères. Ici, le triage manuel de la salade.

Ci-contre, arrivage de céréales françaises du port d'Oristano à l'unité de production d'Arborea.

PHOTOS : N. SAVIN

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