Malteries Soufflet à l'heure du bio

« La réflexion sur la pertinence d'une production de malt bio a été engagée en 2009, car nous avions de plus en plus de demandes de la part de microbrasseurs », raconte Nicolas Rosa, directeur commercial adjoint chez Malteries Soufflet. Le monde de la bière connaît en effet une montée en puissance du nombre de brasseries artisanales, en réponse aux amateurs de bière à la recherche de produits locaux, voire bio. En France, de 120 dans les années 2000, on est passé à 330 en 2010, et 550 aujourd'hui. Elles représentent 2,5 % du marché français. En l'absence de production régulière de malt bio, sur notre territoire, les brasseurs se tournaient vers la Belgique et l'Allemagne.

« La demande potentielle, évaluée à environ 1 000 t, était jugée suffisante. Nous avons alors certifié la plus petite de nos malteries basée à Arcis-sur-Aube avec 41 000 t de capacité de production. » Celle-ci peut lancer des couches de production de 25 t de matières premières pour obtenir 20 t de malt. « L'équipe en place avait déjà l'habitude de fabriquer des petits volumes de tous types, de malt, de blé et d'orge. »

Offre diversifiée

La production démarre en juillet 2010 avec du malt d'orge Pilsen (malt standard). A partir de mars 2012, l'offre se diversifie avec du malt de blé, puis du malt de seigle en août 2012, du malt Munich sous deux couleurs et du malt Vienne depuis janvier 2013. « Nos clients avaient besoin de plusieurs types de malt et souhaitaient s'approvisionner chez un seul fournisseur d'où le développement de la gamme », explique Nicolas Rosa. Pour fournir l'usine en blé et orge bio, Malteries Soufflet privilégie la production des collecteurs les plus proches d'Arcis-sur-Aube. « Mais pour des contraintes de qualité, nous sommes parfois obligés d'acheter dans d'autres bassins de production français, voire même en Angleterre. » De son côté, Soufflet Agriculture, qui compte actuellement peu de producteurs de blé et d'orge bio, est en train de mettre en place une filière de production pour approvisionner la meunerie et la malterie du groupe.

La poursuite de la diversification avec des malts caramel et chocolat est actuellement en réflexion. Cela nécessiterait la certification d'une partie de l'usine de Pithiviers qui fabrique actuellement les caramels et colorants nécessaires. L'usine d'Arcis-sur-Aube propose également des prestations de maltage bio pour répondre à la demande d'agriculteurs brasseurs ou distillateurs bio. S'y ajoutent aussi des brasseurs bio qui choisissent leurs agriculteurs pour produire les céréales nécessaires.

Logistique adaptée

Pour répondre aux problématiques de stockage des artisans brasseurs, Malteries Soufflet a mis en place en septembre un service adapté en travaillant avec une plate-forme logistique, située à Vailly-sur-Aisne (près de Soissons). « Cela permet de s'engager sur des délais d'approvisionnement très courts. Nous livrons en sacs de 25 kg, en big bags de 500 kg à 1 t, voire en camion vrac complet. Nos clients sont situés sur tout le territoire français avec une prédominance en Bretagne et Rhône-Alpes, où la production de bière bio est plus importante. »

« Nous avons aussi des demandes provenant des pays de l'Union européenne. Donc notre activité va peut-être se développer hors de France. Si besoin, nous pouvons doubler la production dans les trois ans à venir. » Aux côtés du marché des brasseurs industriels, qui reste la priorité des Malteries Soufflet, le bio constitue ainsi un axe de développement supplémentaire.

Chantal Urvoy