Val de Gascogne se lance dans l'huile de tournesol bio

Cette activité, qui vise à transformer et valoriser en huile alimentaire, le tournesol bio des adhérents des coopératives Val de Gascogne et Qualisol, a débuté avec la création de Presse de Gascogne, en 2012, à Cologne (Gers). L'atelier de trituration, filiale de Val de Gascogne, transforme 1 500 à 1 800 t de graines de tournesol par an, à partir desquelles il fabrique 500 à 600 t d'huile et 1 100 à 1 200 t de tourteaux. Jusqu'à maintenant, l'atelier produisait de l'huile bio vierge non traitée ou winterisée. Ce traitement à froid, que seules deux entreprises semi-industrielles pratiquent en France, permet de rendre l'huile plus limpide et d'en extraire de la cire.

Cependant, issue d'une première pression à froid, l'huile conserve un goût caractéristique prononcé. Le marché pour ce produit existe, mais ne permet d'écouler que 20 % de la production du site. « Il s'agit d'une huile noble qui est vendue telle quelle à des fabricants de plats cuisinés ou de pâtisseries, explique Didier Dupouts, créateur et responsable de l'usine. Le reste de notre production est envoyé par nos clients (huiliers, entreprises agroalimentaires...) à Rotterdam (Pays-Bas), pour y être raffiné et désodorisé, si bien que nous perdons en valeur ajoutée. Notre idée aujourd'hui est de réaliser nous-mêmes cette dernière étape, afin de mieux valoriser notre production. »

Désodorisation à Auch

Pour désodoriser son huile, Presse de Gascogne a passé un accord avec l'entreprise Coreva Technologies, à Auch, spécialiste en oléochimie, qui s'est alors équipée d'une unité de distillation à vapeur sèche, unique en France. Opérationnelle depuis fin avril, celle-ci permet d'obtenir une huile raffinée prête à être commercialisée auprès du grand public. Dès la prochaine campagne, 80 % de la production de Presse de Gascogne passera chez Coreva. « Cela nous ouvrira de nouveaux marchés chez les distributeurs alimentaires et en confortera d'autres, précise Didier Dupouts. Nous développons par exemple un beau partenariat avec Bio Planète, spécialiste des huiles vierges bio. » Des débouchés pourraient aussi s'ouvrir sur le marché des cosmétiques, pour l'huile et la cire.

Des tests au champ

En amont, Val de Gascogne accompagne ses producteurs dans le développement des cultures de tournesol oléique et a mis en place une « vitrine » permettant d'observer la production. « En 2014, nous avons testé deux variétés et comparé les rendements au sol et en usine, poursuit Didier Dupouts. Nous avons constaté que les meilleurs rendements en huile (jusqu'à 38 %) étaient corrélés aux meilleurs rendements au sol. Cette année, les tests se font sur la variété la plus productive. L'idéal est, par ailleurs, que les graines présentent un taux d'humidité de 7 % et qu'elles aient été séchées dans les champs. On en tire davantage d'huile et de tourteaux, qui se conservent mieux. » Dans la région, les éleveurs, notamment ovins, ont une forte demande en tourteaux bio. L'entreprise réalise des essais, avec deux procédés de fabrication différents, afin d'obtenir le plus haut niveau de protéines possible.

Aujourd'hui, Presse de Gascogne transforme les graines qui lui sont livrées, les analyse et trouve des clients correspondant à la qualité des produits qu'elle va pouvoir en tirer. De plus, les techniques de plus en plus performantes entraînent des améliorations permanentes, en amont comme en aval, et promettent à cette nouvelle filière un développement rapide en quantité, comme en qualité. Pour y faire face, l'usine devrait déménager, d'ici à deux ans, àGimont (Gers) où Val de Gascogne possède des silos qui seront dédiés au bio. Cela permettra de doubler la production d'huile et de tourteaux.

Florence Jacquemoud