EMC2 fait la promotion de la luzerne grâce au crédit carbone
La coopérative meusienne a participé l'an dernier à l'opération pilote de valorisation des légumineuses sous forme de crédit carbone lancée par InVivo Agro.
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Une rotation avec des légumineuses émet moins de gaz à effet de serre (GES) qu'une rotation qui n'en contient pas, car elles ne nécessitent pas d'apport d'azote. En 2012, EMC2 a fait partie des dix coopératives qui ont participé à l'opération pilote de valorisation des légumineuses, sous forme de crédit carbone, conduite par InVivo Agro. « Le caractère pionnier de cette démarche qui s'intègre bien dans notre stratégie développement durable nous a séduits », explique Mathias Sexe, responsable agronomie et développement chez EMC2.
L'autoconsommation comme avantage
« Le pois et la féverole en font partie. Mais la culture qui nous intéresse avant tout, c'est la luzerne. Depuis une dizaine d'année, nous avons essayé à plusieurs reprises de la promouvoir dans les assolements de nos adhérents éleveurs, mais avec peu de succès. Cette opération pilote était l'occasion de la relancer. » La luzerne a d'abord pour EMC2 des atouts agronomiques : pas d'apport d'azote, peu d'intrants, et en s'implantant entre le colza et le blé, elle permet de casser la rotation habituelle colza-blé-orge qui pose de plus en plus de problème de désherbage. Riche en protéines, en fibre et en cellulose, c'est également un fourrage intéressant pour l'alimentation des vaches laitières.
« Nous souhaitions également développer la luzerne pour des questions de débouchés. Elle est autoconsommée sur l'exploitation, tandis que le pois et la féverole doivent être commercialisés par la coopérative. Ceci implique alors un recentrage de toute la production sur un silo en raison du faible volume de production, ainsi qu'un allotement spécifique et la recherche de débouchés. Au final, un surcoût pour la coopérative, sans compter que les rendements restent assez aléatoires dans la région. »
Une quarantaine d'adhérents se sont engagés en 2012 sur 120 ha en pois, 80 ha en luzerne et 15 ha en féverole. « Nous n'avons pas pu communiquer autant que nous aurions aimé pour promouvoir cette opération, car elle a été accréditée par le ministère de l'Agriculture seulement le 15 mai. Les surfaces engagées auraient pu être plus importantes. »
Une aide à l'analyse fourragère
Pour les adhérents, l'introduction de ces nouvelles cultures, notamment la luzerne, complique la rotation et modifie les rations alimentaires. Il faut donc les motiver en les accompagnant techniquement. « Ils ont bénéficié d'un soutien technique pour l'implantation, la récolte, le séchage et l'enrubannage de la luzerne. » Côté alimentation des vaches laitières, une partie du coût de l'analyse « valeur alimentaire » de la luzerne a été prise en charge par EMC2, afin de bien la valoriser dans les rations. « L'objectif était de récupérer cette aide financière en valorisant l'opération en crédit carbone auprès de CDC Climat. »
Un bilan 2012 en attente
Mais à l'heure actuelle, faute de validation de la méthode de calcul de la réduction des émissions de GES mise au point par InVivo, EMC2 est toujours dans l'attente du bilan 2012 pour prendre une décision quant aux futurs engagements. « Nous espérions un retour minimum de 20 €/t de carbone. Malheureusement, nous avons commencé cette démarche à un moment où le cours était bas (environ 6 €/t). Pour que les légumineuses se développent vraiment, je pense qu'il faut atteindre 60 €/t de carbone ou bien qu'il y ait une réelle volonté publique avec instauration d'une prime suffisante », conclut Mathias Sexe.
Chantal Urvoy
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