Former ses conseillers

«Nous avions déjà mis en place en 2017, avec l’Isa Lille, une certification Commercialisation des céréales, destinée à nos conseillers productions végétales, explique Françoise-Emmanuelle Boussinesq, directrice opérationnelle d’Unéal. Nos équipes avaient besoin de monter en compétence dans le domaine de la connaissance des sols, des techniques culturales qui évoluent chez nos adhérents, et de l’adaptation de la fertilisation aux besoins réels des plantes. C’est ce qui a conduit à décliner ce cursus de formation à l’agronomie. »

Des adhérents précurseurs

Les Hauts-de-France ne sont pas la région où les techniques culturales simplifiées et l’agriculture de conservation ont été introduites en premier en France. La présence dans les rotations de betteraves sucrières, pommes de terre et légumes, avec des exigences très précises des industriels, ne facilite pas les expérimentations. Cela étant dit, la région compte des agriculteurs qui sont de véritables précurseurs dans la connaissance et la vie du sol, dont certains sont adhérents d’Unéal. La coopérative a ainsi estimé que ses conseillers devaient s’emparer de ces questions et acquérir un bagage technique suffisant pour échanger avec eux, et faire bénéficier les autres de leurs expériences.

« Le climat évolue, la pression de la société est de plus en plus forte. Pour appréhender ces évolutions, nous avons créé une commission Agriculture responsable et moderne », annonce la directrice opérationnelle. « Cette commission à laquelle participent à la fois des administrateurs et des adhérents non administrateurs, des salariés et des dirigeants d’Unéal, réfléchit aux sujets qui préoccupent les agriculteurs pour les années à venir, précise sa présidente, Isabelle Verstaen, agricultrice. L’agriculture de conservation en fait partie, tout comme l’économie circulaire autour de l’exploitation. Nous nous efforçons d’identifier ce qui va nous aider à mieux produire, à mieux répondre aux attentes de l’environnement et de la société demain. »

C’est pour répondre aux attentes soulevées par cette commission qu’Unéal a eu l’idée de structurer ce cursus de formation. « On utilise souvent le terme d’“exploiter” à tort, indique-t-elle. On n’est pas là pour exploiter. Notre première ressource, c’est le sol, il faut le préserver et le valoriser au mieux avec les techniques modernes. La coopérative met en place des parcelles expérimentales ou des essais chez les agriculteurs. Mais ce type de démarche passe aussi forcément par la formation de nos conseillers. Ils ne doivent plus avoir une vision sur une culture une année, mais une vision globale de l’exploitation et de la richesse de ses sols. »

Sur la base du volontariat

« L’objectif de la formation est pour chaque participant de bien comprendre ce qui se passe dans le sol, poursuit Françoise-Emmanuelle Boussinesq. Puis de s’interroger : “Comment j’exploite la richesse de mon sol, j’optimise ce que j’ai en ma possession, à savoir mon sol, pour garantir ma culture et la qualité de ma récolte ?” Cela peut passer par l’implantation de la culture dans des couverts, la mise en place de plantes compagnes, la fertilisation de précision… »

Soixante-dix personnes au total vont être concernées par ce cursus, les soixante conseillers productions végétales, l’ensemble des techniciens OAD ainsi que l’équipe du service technique. « Nous avons lancé ce projet sur la base du volontariat, précise la directrice opérationnelle. Dès que la proposition de formation a été faite aux conseillers, nous avons obtenu spontanément quarante réponses positives. C’est dire si le sujet intéresse nos équipes. Nous avons donc décidé de l’organiser pour l’ensemble des conseillers et techniciens. » Le premier groupe a démarré en janvier et devrait être diplômé à l’automne. Cette formation (lire ci-contre) donnera lieu à l’obtention de deux ECTS (European Credit Transfer System) de niveau Master.

Agriculture responsable et moderne

« Unéal rassemble plus de 6 000 adhérents de la région Hauts-de-France autour d’une mission commune, promouvoir une agriculture responsable et moderne pour renforcer l’excellence de l’agriculture régio­nale, ajoute Françoise-Emmanuelle Boussinesq. Elle accompagne ses adhérents dans l’évolution de leur métier grâce à une offre de produits et services innovants, différenciants et à forte valeur ajoutée en productions végétale comme animale. Cette démarche de certification sera créatrice de valeur pour les adhérents qui pourront désormais bénéficier du meilleur conseil en matière d’agronomie. »

Blandine Cailliez