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Gérer une crise, cela s’apprend

« La gestion de l’incendie a été saluée par les autorités et rendue exemplaire de par l’action des pompiers le jour J et de la préparation considérable en amont », relève Vincent Poudevigne, DG de la Sica Atlantique qui a connu un incendie le 10 août dernier, dans l'un de ses silos situés au port de La Pallice.

Réagir face à une crise ne s’invente pas. Établir un canevas théorique puis s’entraîner en conditions réelles permettront d’agir efficacement pour garantir un retour à la normale au plus vite.

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Si l’incendie et/ou l’explosion liés au stockage de grains, d’engrais ou de produits phytosanitaires sont les risques majeurs qui mènent à des crises dans le secteur appro-collecte, il peut en exister de nombreux autres. Aucune obligation de préparation ne concerne les sites non classés Seveso seuil haut, mais les assurances et les Dreal demandent de plus en plus que des plans d’urgence et des exercices soient réalisés régulièrement.

L’objectif de la gestion de crise est de garantir la santé des personnes et la qualité de l’environnement, et de préserver l’activité et l’image de l’entreprise. Être organisé, anticiper pour ne pas subir, connaître son rôle ; tout cela s’apprend.

1 Identifier et prévenir les crises

« Chaque entreprise doit définir ce qu’elle considère comme “crise”, souligne Raphaël Susini, consultant métiers du grain chez LCA Solutions +. Cela peut être un accident industriel (incendie, effondrement d’un stockage, pollution, inondation, séisme…), un accident de personnes (décès, blessures graves…), un risque sanitaire produit (contamination, infestation…), un risque sanitaire humain (épidémie…), une cyberattaque, une intrusion sur site (terrorisme, attaque à main armée…), une grève des salariés, une image de marque malmenée par la presse, un arrêt de production d’un site (panne d’électricité ou de gaz, inspection administrative, problème informatique…), etc. » Une fois ces crises et leurs impacts identifiés, des mesures doivent être mises en place pour les prévenir.

2 Être attentif aux signaux

Avant toute crise, il existe des signaux, même faibles, auxquels il convient d’être attentif pour anticiper l’évènement déclencheur. « Les incendies sur des sites de stockage de l’été dernier doivent être autant de signaux pour les autres OS », rappelle Raphaël Susini. Anticiper la crise permettra d’être plus réactif lors de sa venue, et de revenir à la normale le plus vite possible.

3 Bien composer la cellule de crise

« La formation des équipes à la gestion de crise est primordiale, estime Didier Heiderich, fondateur du cabinet de conseil éponyme spécialisé dans ce domaine. On y apprend notamment comment monter et faire fonctionner une cellule de crise. » Cette dernière est composée d’une équipe de personnes sélectionnées pour leur volonté à s’engager, leur capacité à rester calmes, à être efficaces, à communiquer. Pour pouvoir s’échanger toutes les informations en temps réel, l’équipe est installée dans la même salle avec du matériel adéquat (ordinateur qui fonctionne sans électricité en cas de panne, accès aux documents essentiels pour les secours, ligne téléphonique dédiée…). « Ces personnes doivent répondre à tous types de crises et les postes doivent être doublés, voire triplés, pour être sûr que malgré les vacances ou l’heure nocturne de la crise, elle puisse fonctionner, conseille Raphaël Susini. La logique n’est pas de rester entre chefs pour composer la cellule de crise, il faut aller chercher des compétences différentes, des personnes plutôt sédentaires, au siège, pour pouvoir se regrouper rapidement. »

4 Multiplier les entraînements

Les exercices en conditions réelles, avec tous les scenarii possibles, permettront de se préparer au mieux, d’acquérir les bons réflexes, de tester la cellule de crise et les procédures. C’est la clé. Même si la crise réelle peut être différente des entraînements, l’ossature reste identique. « Le travail d’anticipation par temps calme est essentiel, appuie Bérénice Mazoyer, directrice des affaires scientifiques et réglementaires chez Vivescia. C’est lui qui permettra de mobiliser les bons collaborateurs lors de la survenue d’une crise et qui fera que chacun maîtrisera le rôle qu’il a à jouer et donc les actions à mener. Des formations et exercices pour les membres des cellules de crise permettent à chacun de mettre en pratique notre guide de gestion de crise et de progresser. »

Par ailleurs, « la « communication de crise » est intégrée à la crise, affirme Didier Heiderich. Il faut la planifier : définir si on parle à tout le monde ou juste en interne, aux clients, aux partenaires, aux journalistes…, décider quand et qui on informe en premier, ce qu’on dit, s’adapter à chaque interlocuteur… »

5 Réaliser des retours d’expérience

Le débriefing est indispensable à l’issue de chaque entraînement dans un souci d’amélioration continue des procédures. « Il permet tout d’abord de remercier les personnes qui ont participé à l’exercice pour leur engagement, puis de faire un bilan de ce qui a fonctionné ou pas, insiste Raphaël Susini. En crise, tous les acteurs doivent être soudés. Il n’y a pas de place au jugement sur une erreur : on cherche des solutions. »

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