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Vivien Paille veut ramener le riz de Camargue à ébullition

L'usine Vivien Paille est située à Valenciennes (Nord).

Filiale du groupe Avril depuis 2022, Vivien Paille a lancé, avec son partenaire Arterris, des contrats pluriannuels inédits pour relancer la production française de riz. Un schéma voué à se dupliquer sur ses autres filières.

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En cette fin septembre, la moisson bat son plein dans le principal bassin français de production du riz. Et la récolte 2023 s’annonce plutôt bonne avec un rendement moyen autour de 80 à 85 q/ha, près de 10 q de plus qu’à l’accoutumée. De quoi ravir le spécialiste des légumineuses Vivien Paille, qui veut renforcer un peu plus ses liens avec ses partenaires du riz de Camargue. Dans le giron du groupe Avril depuis juin 2022, après qu’InVivo lui a cédé Soufflet Alimentaire, il a pris le nom de sa marque phare : Vivien Paille. « Nous sommes en ligne avec la raison d’être 'Servir la terre' de notre maison mère, souligne Yannick Hus, directeur des achats de Vivien Paille. Notre conviction est que pour bien faire, il faut bien agir en valorisant des filières durables et tricolores. C’est la raison pour laquelle nous sommes engagés de longue date aux côtés de démarches telles que l’IGP riz de Camargue ou encore les lentilles vertes de France. »

Yannick Hus, directeur des achats de Vivien Paille.

12 000 tonnes par an

L’entreprise, basée à Valenciennes (Nord), commercialise lentilles, riz, pois chiche, haricots, quinoa, mélange de graines… sous forme brute auprès de la grande distribution, de la restauration hors foyer et des industriels de l’agroalimentaire. Elle vend aussi des produits prêts à l’emploi dans des poches micro-ondables. À ceci s’ajoute une gamme de farines fonctionnelles à base de riz et de légumineuses pour les applications industrielles. Tout cela représente au total 180 000 tonnes de légumes secs avec une part prédominante pour les produits à base de riz qui totalisent les deux tiers de ce volume (120 000 t), le riz de Camargue couvrant 10 % des besoins de l’entreprise, soit 12 000 t/an. « Nous avons un historique fort avec ce territoire, qui s’est consolidé en 2005 avec l’acquisition d’une usine d’étuvage située à Arles (Bouches-du-Rhône) », commente l’acheteur de Vivien Paille. Malgré tout, en l’espace d’une quinzaine d’années, les surfaces rizicoles de Camargue ont reculé de 20 000 à 13 000 ha.

Le riz long progresse

Depuis l’an passé, le groupe teste sur cette culture un modèle de partenariat inédit dans le monde du grain blanc, et qui doit essaimer au sein de ses autres filières. Il a lancé des contrats pluriannuels de deux ans avec Arterris, son principal fournisseur, qui collecte 25 % de la céréale sur le territoire. Ces accords portent sur un volume et un prix minimum garanti. Le riz évolue sur un marché mondial où les cours sont très volatils d’une campagne à l’autre. Ainsi, depuis que l’Inde a stoppé ses exportations de basmati, cet été, le marché subit des soubresauts qui impactent les autres pays producteurs. Au travers de ces contrats reconductibles, le client et son fournisseur veulent sortir de cette instabilité tarifaire pour construire des stratégies pérennes. « Nous avons à cœur de développer des filières locales, expose en outre Yannick Hus. Le marché est demandeur. Pour ce faire, nous devons mettre en adéquation l’offre et la demande. Ce qui n’est pas simple car les cycles de décision de l’amont et de l’aval sont décalés. Les discussions des acheteurs sur ce marché des céréales s’échelonnent de septembre à décembre pour l’année suivante. Les producteurs, de leur côté, effectuent leur choix de semences en janvier pour la récolte de l’année à venir. D’où l’intérêt d’avoir une approche sur le long terme afin de gérer au mieux ces cycles. » Les acheteurs réclament ainsi aujourd’hui davantage de riz long que de riz rond encore majoritaire en terre camarguaise. Mais l’écart se réduit puisque les premiers constituent désormais 40 % de la production.

Placer le curseur au bon endroit

« Nos principaux clients, ce sont les industriels, indique Yannick Hus. Nos riz entrent dans la composition des salades, des sushis, des desserts tels que le riz au lait ou encore de céréales pour les petits-déjeuners. » La variété Arélate est notamment bien adaptée au process de transformation mis en place au sein de l’atelier d’étuvage d’Arles. Son grain ne durcit pas après la cuisson. « Nous aimerions en faire produire davantage, mais elle a un rendement inférieur de 15 à 20 % par rapport aux variétés classiques, enchaîne le responsable. Il est important de comprendre ces contraintes. C’est l’un des objectifs des contrats que nous avons mis en place. » Les riz parfumés ont aussi le vent en poupe, mais ils sont 25 % moins productifs. Si l’industriel les valorise, il souligne l’importance de placer le curseur au bon endroit. La consommation n’est pas au rendez-vous quand les prix sont trop élevés. « Notre travail consiste aussi à trouver de nouveaux débouchés au riz camarguais, affirme Yannick Hus. Il y a deux ans, nous avons convaincu les responsables des Crous au niveau national de basculer l’intégralité de leurs achats vers cette origine. Ils ont abandonné les riz d’importation. » Une campagne de communication a été conduite auprès des étudiants dans les restaurants de ce réseau. Après cette expérience sur le riz, Vivien Paille amorce actuellement des démarches de contractualisation pluriannuelles avec certaines de ses autres filières.

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