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Grandes cultures Le bio amorce sa décroissance

Après un développement soutenu depuis une dizaine d’années, la production et la collecte de grandes cultures bio se tassent. Les acteurs sont contraints de mettre en place des stratégies d’adaptation.

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Ce n’est une surprise pour personne : la consommation bio est en recul depuis deux ans, et cette baisse s’est encore poursuivie au premier semestre 2023 (-2,7 % par rapport à 2022). « Le ralentissement de la consommation est multifactoriel : une inflation galopante, une concurrence accrue avec les autres labels, la montée en puissance du local depuis le Covid, ainsi que la perte de repère des consommateurs », présentait Bruno Barrier-Guillot, directeur du département études chez Intercéréales, lors des troisièmes rencontres des grandes cultures bio, organisées à Paris le 7 novembre par Arvalis, Itab et Terres Inovia.

Une offre supérieure à la demande

Par ricochet, la filière grandes cultures n’est pas épargnée. En France, après avoir été multipliées par 2,5 entre 2015 et 2021, les surfaces de grandes cultures bio, qui occupent une place de choix avec 783 000 ha (6,9 % des surfaces), ne progressent plus. Tout comme la collecte nationale, qui n’arrive plus à aller au-delà de la barre symbolique du million de tonnes, franchie en 2021-2022. Un net ralentissement est observé depuis. « Pour la première fois en 2022, le nombre d’arrêts d’ateliers bio équivaut à celui des nouvelles exploitations et pourrait s’inverser », poursuit Bruno Barrier-Guillot. La dynamique est identique sur les huit premiers mois de l’année 2023. Selon lui, il faut s’attendre à de nombreuses déconversions dans les régions du sud de la France.

Depuis 2021, si les volumes de céréales produits suffisent à approvisionner la plupart des filières françaises, ils sont même devenus excédentaires pour la campagne 2022-2023, après un recul des achats de blé tendre bio en meunerie de 15 % en deux ans, et des utilisations de grains bio en alimentation animale de 18 %. Le stock est tel (près de 150 000 t en blé tendre) que les prix en bio se sont effondrés et qu’un déclassement de 100 000 t de céréales vers le conventionnel est attendu pour 2023-2024 : 59 000 t de blé tendre (+ 210 %), 23 000 t d’orge (+ 560 %) et 18 000 t de triticale (+ 110 %). « L’export à destination de nos voisins européens, débuté il y a deux ans, doit être maintenu pour écouler des stocks actuels pléthoriques », confirme Bruno Barrier-Guillot.

Un déficit de protéines bio

Au niveau protéique, la France reste déficitaire pour l’alimentation animale, principalement en tourteau de soja. La production de tournesol bio a été stimulée pour l’élaboration d’huile en raison du contexte de crise en Ukraine. Cette situation s’est toutefois révélée temporaire et l’activité de trituration de graines bio a ralenti sous l’effet d’une baisse de la consommation (-11 % en 2022).

Communication, agilité et partenariat

Du côté de la demande, l’agence bio et France Relance accompagnent la structuration des filières biologiques via le fonds Avenir bio. Trois entités, ayant bénéficié de ce fonds, ont été invitées à une table-ronde lors de ces rencontres pour échanger sur leurs stratégies d’adaptation : la malterie semi-industrielle À vos malts installée dans la Drôme, l’association Sud blé dur bio (lire encadrés ci-contre), ainsi que le groupe Avril pour son outil de trituration Oleosyn Bio, commun avec Terrena, installé dans les Deux-Sèvres.

Toutes partagent un même triptyque de la réussite : la communication, la flexibilité et la cohésion entre acteurs pour innover et lancer de nouveaux projets afin de redonner du souffle à une filière qui en manque grandement.

Stéphane Vanrenterghem (2e à g.), président de l’association Sud blé dur bio, Jean Girardeau (3e), gérant de la SAS À vos malts, et Florent Simon (4e), acheteur de matières premières chez Oleosyn bio, lors des troisièmes Rencontres des grandes cultures bio, mardi 7 novembre, à Paris. (© M. HILARY)

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