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FILIÈRE BRASSICOLE Un recul passager de la demande en orge et en malt

Après une campagne 2023-2024 en demi-teinte à la suite d’un recul de la consommation de bière au niveau mondial, la demande en malt et en orge brassicole devrait repartir, surtout l’année prochaine. La production d’orge, également à la hausse, pourrait y répondre sans problème.

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Le marché mondial de la bière reste dynamique en tendance sur l’ensemble des continents, avec de bonnes perspectives à l’horizon deux ans. Cependant, 2023 a vu les ventes régresser par rapport à 2022. Le continent européen n’y échappe pas (-1,4 %), surtout l’Union européenne (-3,5 %), Royaume-Uni compris. Ce recul pénalise les ventes de malt, notamment du continent européen, premier producteur avec environ 10 Mt/an. 75 % est consommé sur le continent, dont la moitié par les grands brasseurs que sont Heineken (21 % de la production de bière en Europe en 2023), Asahi (10 %), Carlsberg (9 %) et AB InBev (8 %). En 2023-2024, ce besoin de malt du continent en repli, de même que celui des pays tiers, se répercute sur la demande d’orge brassicole : - 10 %, soit plus de 1 Mt, par rapport à la récolte 2022, année de référence, avec un besoin d’orge brassicole pour l’UE de 12 Mt. Cette baisse est même supérieure à celle liée à la crise sanitaire.

En 2024, la consommation de bière de l’Union européenne devrait augmenter de 1,1 % seulement, ce qui ne permet pas de retrouver le bon niveau de 2019. Par ricochet, « la demande d’orges brassicoles au second semestre 2024 devrait être dans la continuité de la campagne 2023-2024 », estimait Alexandre Jonet, trader orge chez Granit Négoce, lors du colloque Orges brassicoles d’Arvalis, à Reims, le 18 avril. « Nous espérons un retour à la normale au premier semestre 2025 avec une demande en orge brassicole en Europe en hausse de 5 %, en comparaison avec la récolte 2023, mais encore en recul de 5 % par rapport à la récolte 2022. » Hors Europe, la demande reprend globalement un peu partout.

1 Mt d’orge européenne exportable

Face à cette demande, quelle est l’offre des principaux producteurs d’orge (Europe, Australie, Canada, Argentine) ? Le travail remarquable des OS français a permis de sauver un maximum d’orges brassicoles de printemps de la récolte 2023, dont le calibrage était très dégradé. Cela a largement contribué à sauver le bilan européen de la campagne 2023-2024 qui devrait être déficitaire de seulement 175 000 t d’orges de printemps (OP). Pour les orges d’hiver (OH), le bilan sera positif de 244 000 t. Pour la récolte à venir, Granit Négoce table sur des surfaces françaises d’orge d’hiver (fourragères et brassicoles) proches de 1,2 Mha et 670 000 ha pour les OP (dont 75 000 ha semés à l’automne). Avec une prévision de rendement en recul par rapport à 2023 (6,62 t/ha en OH et 5,74 t/ha en OP) et un taux de sélection brassicole dans la norme et en hausse (27 % pour les OH et 62 % pour les OP), l’offre potentielle d’OH brassicoles est estimée à 2,4 Mt et celle d’OP brassicole à 2,7 Mt. Le surplus exportable vers les pays tiers devrait alors être important : 441 000 t en OH et 399 000 t en OP.

Un bilan mondial confortable

Au niveau européen, les principaux pays producteurs d’OP devraient voir leurs surfaces augmenter (+ 15 % au Royaume-Uni, + 5 % au Danemark, + 4 % en France et + 3,2 % en Suède) pour la récolte 2024, de même que les rendements (excepté en France) et le taux de sélection. Au final, la production d’orge brassicole est estimée potentiellement à 12,8 Mt (contre 11 Mt pour la récolte 2023) pour une demande européenne de 11,5 Mt (contre 10,9 Mt). « Le surplus exportable pour la campagne 2024-2025 devrait être confortable, avec 542 000 t d’OP et 485 000 t d’OH. »

L’Australie pourrait exporter 1,7 Mt d’orge brassicole en 2024-2025 (contre 1,8 Mt en 2023-2024) et le Canada 1,25 Mt (contre 1,1 Mt) grâce à une légère hausse des surfaces. Quant à l’Argentine, producteur pour lequel il est plus compliqué de réaliser des prévisions, le surplus exportable pourrait baisser à 980 000 t pour 2024-2025 (contre 1,3 Mt d’orge brassicole en 2023-2024).

Au vu de tous ces éléments, quid du bilan mondial du marché des orges brassicoles pour la campagne à venir ? « En estimant les besoins de la Chine à 3,6 Mt d’orge brassicole, le bilan 2024-2025 devrait être confortable avec un surplus de 675 000 t d’orge brassicole (lire infographie). » En matière d’export vers la Chine et le Mexique, marché conjoncturel qui devient structurel, l’Australie reste l’acteur le plus compétitif en orge de printemps. En revanche, vers le Mexique, les OH brassicoles françaises, maintenant exportées sur trois continents (contre seulement la Chine auparavant), sont beaucoup plus compétitives que les OP australiennes. La France doit encore gagner en compétitivité sur les OP pour exporter vers pays tiers.

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