Pourquoi la nutrition animale contribue à réduire l’impact environnemental des élevages
L’impact environnemental de l’alimentation animale est lié d’une part à la production de ses matières premières, d’autre part à son influence sur les performances des élevages. Les outils que les filières des productions animales ont mis au point devraient bientôt prendre en compte davantage les efforts de ce maillon.
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1 Optimiser les rations
L’optimisation des rations et des compléments alimentaires peut réduire les émissions de méthane entérique des ruminants de 20 à 40 %, selon Cécile Martin, directrice de recherche à l’Inrae Clermont-Ferrand. La chercheuse rappelait, lors de la session matières premières de l’Aftaa, le 21 mars dernier, l’importance de connaître les mécanismes d’action (nature des aliments ingérés, action des microorganismes qui les dégradent) pour bien raisonner les stratégies nutritionnelles. Il faut toutefois peser le pour et le contre : une ration riche en amidon ou en lipides aura un effet sur la réduction des émissions par kg de produit (lait ou viande), mais des incidences en amont pour leur production (céréales, oléagineux).
2 Améliorer l’efficacité alimentaire
L’élevage a globalement des effets positifs, comme la consommation de coproduits non utilisés par l’homme (tourteaux) et les puits de carbone que représentent les prairies. « Il est nécessaire, estime Cécile Martin, de mesurer la valeur nutritionnelle (digestibilité) de toutes les ressources alimentaires et des émissions de GES associées, mais aussi de définir leurs valeurs d’usage (disponibilité, destination) pour intégrer au mieux les contraintes de la transition agroécologique. Ensuite, ces valeurs peuvent être incorporées dans des écoformules alimentaires et des OAD à des échelles plus larges. » Que ce soit pour les ruminants ou les monogastriques, « faire progresser la performance nutritionnelle des aliments composés permet d’améliorer l’empreinte environnementale du cycle de l’élevage », confirme Vincent Héral, responsable RSE au Snia. L’indice de consommation du poulet est ainsi passé de 1,9 en 2000 à 1,64 en 2019, celui du porc de 3,1 à 2,82 entre 2000 et 2016. L’alimentation va aussi avoir un impact sur les effluents, seconde source d’émissions.
3 Formuler avec d’autres critères
La formulation peut être optimisée selon l’impact des matières premières sur le changement climatique. L’exemple le plus connu est la substitution du soja déforestant, fortement émetteur de GES. « Deux bases de données ont un intérêt pour la nutrition animale, détaille Anne Paul, spécialiste de la formulation chez CCPA. Ecoalim référence 90 matières premières pour un total d’environ 200 déclinaisons sur six indicateurs d’impact environnemental. GFLI, intéressante pour les matières premières importées, possède 960 références en données moyennes par pays, avec 16 indicateurs d’impact. » Mais il manque encore des données. Et l’incidence sur le prix de la formule peut être très sensible. De plus, la réduction des émissions de GES peut s’accompagner d’un transfert d’impact sur d’autres critères (eutrophisation, consommation d’énergie, acidification, occupation du sol…).
4 S’appuyer sur le collectif
L’évaluation de l’ensemble de l’impact environnemental des ressources et des stratégies alimentaires est en cours, notamment au sein du groupe de travail Carbone mis en place par les syndicats de la nutrition animale. En cours de test, les solutions préconisées seront communiquées en juin. Il faudra ensuite identifier la manière dont les évolutions seront prises en compte dans les outils des filières animales tels que Cap’2ER.
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