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Pourquoi se lancer dans la culture du lavandin n’est plus judicieux

L’excédent de lavandin a saturé le marché, et les cours sont en forte baisse depuis 2020. Les surfaces ont même commencé à reculer dans les bassins historiques de production en Paca et Auvergne-Rhône-Alpes.

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1 Un contexte de surproduction

Depuis cinq ans fleurissent dans la Beauce des champs de lavandin, à l’image de ceux de la Scael, qui en cultive actuellement 520 ha. Auparavant absent de la région, cet hybride stérile de la lavande, principalement vendu en huile essentielle pour détergents, occupait, en 2023, 1 406 ha du Centre-Val de Loire selon FranceAgriMer. Cet engouement pour cette culture atypique est lié à la fois à une conduite facile en conditions sèches et à un contexte de prix extrêmement favorable à partir de 2018. En moyenne, l’huile essentielle de Grosso, variété la plus cultivée en France (90 % des surfaces), s’est vendue 28 €/kg en 2018 et 31 €/kg en 2019, avec un pic à 35 €/kg après récolte.

« Ces prix très attractifs ont encouragé les producteurs des zones historiques (plateaux d’Albion et de Valensole, etc.) à produire davantage, mais aussi la périphérie de ces zones ainsi que de nouvelles régions comme le Centre-Val de Loire à implanter du lavandin », explique Julien Zanatta, chargé d’études sur les plantes à parfum, aromatiques et médicinales au sein de FranceAgriMer. En 2023, la surface française de lavandin avoisinait 22 260 ha, après un pic autour de 24 000 ha en 2021, dont seulement 10 % sont situés en dehors des régions Auvergne-Rhône-Alpes et Paca.

Selon les données du Centre interprofessionnel des huiles essentielles françaises (Cihef), les productions d’huiles essentielles, premier débouché du lavandin français, ont atteint les 2 100 t en 2020 et 2021. Un record. « L’augmentation très rapide de l’offre a entraîné un contexte de surproduction, qui se poursuit encore actuellement », précise Julien Zanatta. En 2022, le prix moyen en coopérative est au plus bas : 17 €/kg pour la variété Grosso.

2 Des importations américaines divisées par deux

Historiquement grand importateur d’huiles essentielles de lavande et de lavandin, majoritairement en provenance de France, les États-Unis ont réduit la voilure depuis 2020. D’après les données de Trade Data Monitor, les importations américaines, qui s’élevaient à 1 511 t en 2020, ont été réduites à 1 352 t en 2021, jusqu’à tomber à 772 t en 2023. La diminution n’est cependant pas liée à un seul pays fournisseur et se répartit globalement sur chacun d’eux. « L’engouement pour les huiles essentielles naturelles de lavande et de lavandin aux États-Unis est passé, d’où une division par deux de leurs achats à l’étranger », poursuit Julien Zanatta.

3 Une concurrence avec l’huile synthétique

Contenu dans les parfums de moyenne gamme, les produits cosmétiques, les détergents ou encore les parfums d’ambiance, l’huile essentielle de lavandin est facilement remplaçable par des produits de synthèse. « Le prix de l’huile naturelle est très volatil tandis que celui du synthétique est plus stable avec des volumes certains », indique Julien Zanatta.

4 Un an et demi de stock d’avance

Enfin, le Cihef a estimé à un an et demi le stock actuel d’huile essentielle de lavandin en France. « Cela veut dire que même si aucun producteur ne récoltait cette année, il y aurait assez de stock en volumes pour alimenter le marché », souligne le chargé d’études. Face à ce contexte compliqué, l’interprofession encourage les lavandiculteurs à se diversifier. « Une aide à l’arrachage, comme cela existe déjà pour la vigne, a été demandée par la profession il y a deux ans. Mais c’est une aide à la trésorerie qui a été accordée pour le moment. » Le prix de l’essence devrait donc continuer à baisser et le revenu des producteurs avec.

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