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AMIDONNERIE Des débouchés qui se contractent

L’année 2023 s’est soldée, pour les amidonniers français, par une forte baisse des exportations vers les destinations lointaines, une hausse inédite des importations de produits amylacés et un recul du marché national.

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« Faute de compétitivité suffisante, les ventes en valeur reculent vers les pays situés en Amérique ou en Asie », avertissait l’Usipa, organisation représentative des quatre amidonniers français (ADM, Cargill, Roquette et Tereos), au moment de son assemblée générale fin septembre. En effet, en 2023, selon les données fournies par les douanes françaises, le grand export a reculé, en valeur, de 51 % vers les États-Unis et de 25 % vers la Chine. De ce fait, l’activité export, qui contribue très largement à l’activité de l’amidonnerie française (voir infographie), connaît globalement un certain ralentissement avec des ventes en valeur qui représentent 69 % du chiffre d’affaires en 2023 contre 75 % du CA en 2022. Cependant, les ventes (en valeur) progressent vers d’autres destinations hors Union européenne comme la Norvège, le Royaume-Uni et la Suisse, et vers l’Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique pour l’UE.

+ 13 % d'importations

« Nous enregistrons une perte de compétitivité vers les destinations lointaines. C’est un point à surveiller pour les années à venir », souligne Mariane Flamary, déléguée générale de l’Usipa. Des pays comme la Thaïlande et l’Indonésie, producteurs et exportateurs de fécule de manioc, entrent en concurrence directe avec les produits amidonniers français en bénéficiant de coûts de production plus faibles et de fortes subventions.

Par ailleurs, bien que la France soit le premier pays producteur de l’amidon européen, elle subit un fait nouveau pour la filière : une hausse de 13 %, en valeur, des importations de produits amylacés, certes sur des volumes à la base relativement faibles. Mais c’est un signal qui renforce la vigilance de l’Usipa.

Quant aux débouchés nationaux, ils sont en recul en termes de volume. Les ventes ont diminué de 12 % pour le secteur alimentaire (55 % des volumes vendus en France) en raison d’un déstockage des industriels et d’une déconsommation générée par l’inflation, avec une chute prononcée en petfood (-50 %). Et elles ont régressé de 18 % pour le non-alimentaire, en particulier sur le segment pharmacie et chimie (-21 %), en pleine crise, qui reste toutefois le premier débouché non alimentaire juste devant la papeterie. Ce dernier segment est passé en seconde position depuis 2022, alors qu’il était le premier client historique, en raison de la digitalisation croissante.

Toutefois, du fait de l’inflation, le chiffre d’affaires 2023 de l’amidonnerie française s’affiche en progression de 17 %, à 3,9 milliards d’euros, pour un volume de production qui recule avec 5,2 Mt de matières premières agricoles mises en œuvre au sein des usines contre 5,9 Mt en 2022.

La difficile récolte 2024 pourrait générer des importations de matières premières agricoles, mais cela resterait à la marge car « les amidonniers ont des partenariats historiques et vont privilégier l’origine France qui représente en moyenne 96 % des approvisionnements ». Et pour sourcer au mieux du blé français, les industriels ont accepté d’adapter leurs exigences techniques tout en appelant les organismes stockeurs à fournir plus que jamais des lots homogènes.

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