Le monde noyé sous le lait

Ce n'est pas un scoop : le marché mondial du lait est en surproduction depuis deux ans. Et la situation perdure en 2016, a alerté la Fnil (fédération nationale de l'industrie laitière). « Cette surproduction vient de l'Europe », constate Gérard Calbrix, économiste à l'association de la transformation laitière (Atla) qui chiffre l'augmentation de la production au sein de l'Union européenne à 10 milliards de litres en cumulant 2014 et 2015. Dans le même temps, l'embargo russe pèse sur la demande et les achats chinois ont ralenti. « En 2014, des spéculateurs ont acheté deux fois plus de lait que les besoins de la Chine. Depuis, la situation est revenue à un niveau normal », explique Gérard Calbrix.

Conséquence, les prix du lait se sont effondrés. « Les prix pour la poudre et le beurre étaient au sommet fin 2013, maintenant ils s'effondrent. En beurre, la situation est un peu meilleure car la consommation mondiale augmente. En Gouda-Edam, c'est la catastrophe, on passe en dessous des 2 000 €/t. En Nouvelle-Zélande, pays laitier le plus en difficulté, Fonterra commence à vendre ses filiales à l'étranger, souligne-t-il. Elle prévoit 4 % de volumes en moins cette année. Le pays a abaissé son taux directeur pour financer les exportations. » Le prix du lait y est désormais autour de 175 € les mille litres. Quant à la France, après une hausse des volumes en 2014, dans un contexte de marché porteur, la mise en place de la contractualisation a limité le développement des volumes de lait en 2015. « Le marché libre dérégulé ne marche ni dans le temps ni dans l'espace », a martelé Olivier Picot, président de la Fnil, ajoutant : « Un pays tout seul ne peut pas réguler. Les entreprises françaises doivent avoir accès à la ressource laitière dans les mêmes conditions que nos concurrents européens. Le marché fonctionne mal, il n'y a pas de transmission au consommateur des fluctuations. »

M. C.