Désespérantes commodités agricoles
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«Après le grand choc de la période 2006 à 2014, nous sommes en phase de digestion, avec des prix plutôt déprimés, des capacités de production plutôt excédentaires », décrivait Philippe Chalmin, le 15 mai dernier lors de la présentation de la 31e édition de son rapport annuel Cyclope. Et c'est particulièrement vrai en agriculture, où « pour la première fois en 2016, le monde a produit plus de 3 milliards de tonnes de céréales et d'oléagineux, soit deux fois plus qu'il y a trente ans », a rappelé le professeur d'économie de l'université Paris-Dauphine. Et cela se ressent dans les prévisions 2017 de l'ouvrage : aucune des grandes matières premières agricoles ne semble vouloir relever la tête quant aux prix cette année.
« Voilà trois ans que la planète produit plus de blé, de maïs et d'orge qu'elle n'en consomme, expose François Luguenot, responsable de l'analyse des marchés, chez InVivo. Nous connaissons une période d'abondance de production qui domine les facteurs de tension. » A savoir : les aléas climatiques, plutôt rares d'ailleurs ces dernières années, et l'explosion de la demande en Asie. Autrement dit, les importations « gigantesques » de soja en Chine, ou dans une moindre mesure celles de blé et d'orge en Indonésie, au Vietnam et en Thaïlande, ou encore celles de maïs et de blé en Afrique de l'Est, n'y font pas grand-chose.
« Les prix baissent à tel point que pour de nombreux céréaliculteurs sur la planète, il devient non rentable de produire des céréales. » D'où le développement, notamment aux Etats-Unis, de la culture du soja au détriment du maïs. « Pour observer une remontée des cours, il faudrait un véritable souci de production visible, une catastrophe touchant plusieurs dizaines de millions de tonnes tout autour de la mer Noire ou sur l'ensemble du continent américain. »Et de souligner que même la baisse de 50 % de la récolte espagnole qui se profile à cause de la sécheresse n'aura aucun impact. Tout comme la récolte calamiteuse de 2016 en France.
Renaud Fourreaux
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