La poudre de lait écrase les marchés laitiers
Les stocks de poudre de lait constitués à l'origine pour contenir la baisse du prix de lait se révèlent aujourd'hui être un fardeau, difficile à éliminer, pour les marchés laitiers européens.
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Le stockage massif de poudre de lait écrémé constitué en 2015-2016 dégrade aujourd'hui les marchés du lait. Ces stocks avaient pour objectif d'alléger le marché du lait en Europe, à la suite d'une production trop importante liée à l'arrêt des quotas laitiers, et doncd'endiguer la baisse du prix du lait. Actuellement, les stocksà l'intervention publique sont encore de 370 000 t.
La conséquence directe de ces stocks est un prix très bas de la poudre de lait qui atteint aujourd'hui seulement 1 300 €/t, soit une baisse de 400 €/t en un an, selon les derniers chiffres de la Fnil. La stratégie de l'Union européenne est de les mettre sur le marché au fil de l'eau et de profiter des prix. Damien Lacombe, président de Coop de France Métiers du lait, déplore « un processus très long » et déclare que « si demain, on arrivait à dégager des stocks de poudre, cela aurait un effet de levier nettement positif sur les prix du marché ». De plus, il estime « qu'il est de la responsabilité de la Commission européenne de gérer ce dernier soubresaut de la sortie des quotas laitiers ». La France et l'Allemagne, parmi les pays possédant les stocks les plus importants, ont ainsi adopté une position commune proposant d'écouler ces stocks vers l'alimentation animale pour limiter la baisse du prix de la poudre de lait pour l'alimentation humaine. Cette proposition a cependant été rejetée par Phil Hogan, le commissaire européen, qui a rappelé que ces stocks doivent être vendus par procédure d'adjudication. Ces quantités écoulées restent faibles avec 4 000 t par mois, à 1 100 €/t en février et à 1 050 €/t en mars alors que le prix d'intervention était de 1 698 €/t lors de l'achat. Surprise, en avril, 24 000 t ont été vendues témoignant d'un marché imprévisible.Cela soulève la question du financement de ces opérations qui doivent être à la charge de l'Union européenne d'après les pays producteurs. L'initiative de cotisation émise par la France a en effet été rejetée par les autres pays. Coop de France a également avancé l'idée d'une indexation des prix en fonction de l'âge de la poudre de lait, sachant que selon ses utilisations, elle peut se conserver cinq à six ans.
Ce début d'année 2018 est également marqué par une reprise de la cotation du beurre, « on peut s'attendre à une flambée des prix », a souligné Damien Lacombe. « Un déséquilibre structurel du couple beurre-poudre se profile, ce qui pourrait être un problème majeur pour la filière », du fait d'un écart de prix entre la protéine et la matière grasse, explique-t-il.Selon la Fnil, alors que les prix de marché du beurre et de la poudre permettaient de verser aux producteurs 295 € en février 2017 et 278 € en mars 2017 pour 1 000 l de lait, la valorisation ne serait plus que de 250 € en février 2018 et 268 € en mars 2018.
Le prix du lait chute actuellement en Europe du Nord, conséquence d'un afflux de lait et des stocks de poudre qui pèsent lourdement sur le marché. Des baisses pouvant atteindre 15 % y ont été observées. Le prix du lait en France a lui aussi diminué avec seulement 300 € les 1 000 l pour le mois d'avril, a annoncé la FNPL. La gestion des crises est donc au coeur de ces problématiques d'où le souhait de Coop de France de mettre en place des outils de prévention et de gestion des crises plus adaptés et réactifs face à la conjoncture actuelle.
Lucie Petit
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