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L'atterrissage en blé tendre va être douloureux

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En ce début d'année, les opérateurs se demandent bien quelle va être la capacité sur un marché mondial encombré à écouler d'ici le mois de juin une récolte française 2015 très abondante. Car une nouvelle fois, le bilan présenté par FranceAgriMer s'alourdit, coincé entre une offre pléthorique, avec un stock mondial de blé encore révisé à la hausse par l'USDA à 232 Mt, et une demande pas très dynamique, malgré l'accentuation de la baisse des prix. Cette dernière, inhabituelle pour une entrée en deuxième partie de campagne, n'incite d'ailleurs ni les agriculteurs ni les collecteurs, qui ont acheté de la marchandise sur des niveaux de prix plus élevés en début de campagne, à la vente.

Au niveau de l'Union européenne, c'est la concurrence britannique qui fait pression, avec énormément de blés fourragers extrêmement compétitifs. Et pour ne rien arranger, l'industrie de l'amidon et du gluten semble demander cette année du blé à taux de protéines plus élevé. Sur les pays tiers, il y a moins d'optimisme sur la destination égyptienne que jusqu'alors. « On a tardé d'un mois à s'aligner sur les prix », regrette Rémi Haquin, président du conseil spécialisé céréales. Et l'Argentine a réussi à décrocher une vente auprès du Gasc le 23 décembre, pour la première fois depuis 2012. Mais c'est surtout du côté de l'Asie du Sud-Est qu'est attendue l'Argentine, car les blés de l'ancienne récolte sont pour une part assez mal conservés. Et « certains disent que 50 % de la nouvelle récolte sera de qualité fourragère ou du moins à faible taux de protéines », ajoute Olivia Le Lamer, chef de l'unité grandes cultures.

Au final, les exportations françaises vers l'UE sont révisées en un mois à la baisse de 440 000 t, et celles vers pays tiers de 200 000 t. Le disponible non affecté est logiquement majoré d'environ 600 000 t et passe à 3,2 Mt. Ce qui porte le stock potentiel de fin de campagne à 5,8 Mt ! Un record depuis 1998-1999, campagne qui s'était terminée sur un stock de 7,8 Mt (dont 3,9 Mt à l'intervention). La situation s'alourdit également en orge (2,1 Mt de stock potentiel, plus du double de l'année dernière), et paraît presque plus saine en maïs (2,9 Mt, - 1 %). Mais ça c'était avant le « vide sanitaire » décidé pour les élevages de palmipèdes du Sud-Ouest.

Renaud Fourreaux

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