Blé dur : pénurie et flambée des prix

Les fabricants français de pâtes alimentaires sont inquiets. Ils font face à une récolte exceptionnellement faible en France qui, estimée à 1,47 Mt, est en baisse de 19 % en une année et de 38 % en deux ans, et surtout présente une qualité franchement dégradée. Par exemple, le poids spécifique moyen est limité à 77,4 kg/hl et 53 % des blés affichent un temps de chute de Hagberg inférieur à 220 secondes.

« Plus du tiers de la récolte française est inapte à la production de pâtes », précisent les industriels du Sifpaf et du CFSI (1). Ces derniers auront également des difficultés à se couvrir au niveau européen où la baisse de la production est de 1 Mt, à 7,2 Mt, et au niveau mondial où le recul est de 4 Mt, à 33,7 Mt. Au Canada, premier pays exportateur mondial de blé dur de qualité, « pour la première fois depuis vingt ans, un tiers de la récolte n'est pas au standard de qualité requis pour faire des pâtes et sera déclassé en nourriture animale », relaye le CFSI-Sifpaf. Cet événement a d'ailleurs amplifié la flambée des prix du blé dur, en hausse de plus de 50 % en douze semaines. « Elle ne pourra être supportée par une industrie déjà fortement fragilisée et dont le nombre de fabricants n'est plus que de six aujourd'hui en France », s'alarment les industriels français, qui en appellent aux pouvoirs publics pour mettre en place un plan d'urgence.

Renaud Fourreaux

(1) Syndicat des industriels fabricants de pâtes alimentaires de France et Comité français de la semoulerie industrielle.