Les consommateurs n'ont plus les crocs pour la viande

Les produits animaux (viande, oeufs, lait et produits laitiers, poissons et fruits de mer) représentent plus de la moitié des dépenses alimentaires des Français. Ils pesaient en effet exactement 53 % du budget alimentaire total en 2005, contre 49 % en 1960, selon l'Insee. En revanche, dans l'absolu, le budget qui leur est consacré décroît. D'ailleurs, la consommation de produits carnés par les adultes est passée de 164,5 g par jour en 1999 à 139,9 g/j en 2007. Car, en réalité, le budget dédié à l'alimentation recule, même si l'on y ajoute la restauration hors domicile : entre 1960 et 2005, ces deux postes ensemble sont passés de 29,8 % à 20,7 %. D'autre part, l'évolution du poids des produits animaux montre surtout l'augmentation de leur coût relatif, comme l'expliquait Pascale Hebel (Crédoc), lors de la récente AG de Coop de France-nutrition animale.

Autre facteur inquiétant, l'érosion de la consommation de viande touche toutes les générations. Le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions dévie a en effet analysé les consommations en segmentant les tranches d'âge, intitulées selon le fait marquant de ses vingt ans (voir infographie, avec entre parenthèses les années de naissance correspondantes). Le résultat de l'étude de ces consommations pour cinq années comprises entre 1979 et 2001, fait ressortir que la consommation de viande de boeuf et de veau décroît avec l'âge et, fait plus grave, chaque « génération » démarre à un niveau de consommation inférieur à celui de la « génération » précédente. La consommation se réduit donc de façon quasiment mathématique, les générations les plus consommatrices disparaissent au profit de nouvelles qui partent de bien plus bas.

Sauf à « produire » des générations plus consommatrices dès l'enfance. Une hypothèse marquée du sceau du doute, car elles sont éduquées par des parents « internet » qui associent de plus en plus souvent viande et santé dans le sens « risque pour » plutôt que « bénéfice ».

Yanne Boloh